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Finance islamique : L’Algérie pionnière 

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Le professeur Mohamed Boudjellal, économiste, membre du Conseil supérieur islamique et conseiller auprès de plusieurs institutions financières, affirme que l’Algérie a été le pionnier à lancer le système bancaire islamique dans le monde musulman.

Lors du « Echaab », organisé sous le thème « Banque et investissement islamiques », le professeur Boudjellal a expliqué que l’Algérie a laissé sa marque dans l’application du système bancaire islamique à travers trois étapes historiques importantes, la première en 1929 avec l’idée de la création de la première banque islamique, la seconde a été la recherche présentée par un expert algérien en 1982 en Grande-Bretagne pour percer dans le domaine de la banque islamique, et la troisième étape, la plus importante, a été la création de l’Organisation de comptabilité et d’audit des institutions financières islamiques en 1990 en Algérie, qui est l’épine dorsale de la publication des normes officielles pour les transactions de l’industrie financière islamique.

Cependant, bien que l’Algérie ait apposé les premières empreintes du système bancaire islamique dans le monde et qu’elle ait créé deux banques islamiques (Baik Al Baraka et Al Salam), ce n’est que lorsque le président Abdelmadjid Tebboune a pris ses fonctions que les transactions islamiques ont été perfectionnées en Algérie, car l’un de ses engagements était d’approuver les textes légalisant les transactions bancaires islamiques.

En effet, 4 mois seulement après son élection à la présidence, le cadre régissant la banque islamique en Algérie a été publié, à savoir le règlement 02- 2020 définissant les opérations bancaires islamiques et l’instruction 03-20 définissant les produits bancaires islamiques, précisant les procédures et les caractéristiques techniques pour leur mise en œuvre.

Le marché des produits bancaires islamiques a ainsi connu un renouveau, a ajouté le professeur Boudjellal, notamment après la nouvelle loi monétaire et bancaire qui a intégré officiellement et totalement la banque islamique dans le système financier monétaire algérien afin de renforcer le cadre juridique du secteur par la création de banques spécialisées dans les produits islamiques.

Dans ce contexte, il a appelé les banques privées, au nombre de 12 en Algérie, à suivre l’exemple des banques publiques et à ouvrir des guichets bancaires islamiques et pourquoi pas à s’orienter vers l’ouverture de banques islamiques (au nombre de deux actuellement en Algérie), d’autant plus que l’environnement bancaire algérien est sûr et prometteur.

Selon le professeur Boudjellal, les guichets bancaires islamiques ont atteint un stade de maturité et de saturation, et malgré leur succès dans la mobilisation de l’épargne, ils ne sont plus en mesure d’absorber les demandes croissantes.

 

Les Sukuk islamiques… 

 

L’invité du Forum soutient que le Sukuk islamique, développé par la banque islamique comme alternative aux obligations traditionnelles, est le meilleur système pour les transactions bancaires dans le monde, si bien qu’il a été adopté par de nombreux pays non islamiques, et que d’autres envisagent de s’orienter vers ce système.

L’économiste explique que les obligations reposent sur un système de comptage coûteux, auquel la banque islamique a renoncé en adoptant un système de financement à but lucratif, avec un calcul préalable de la marge bénéficiaire.

 

L’expertise algérienne sollicitée

 

L’Algérie a adopté le système bancaire islamique et œuvre à son développement, comme en témoigne la mise en place de plusieurs instances qui veillent à l’application et au contrôle des transactions financières islamiques, dont la plus importante est la création de la Commission nationale de la charia et de la fatwa pour l’industrie financière islamique, le 24 mars 2020.

Cet organe, qui a été créé sur proposition du Conseil supérieur islamique, étudie les demandes de services bancaires islamiques émises par les banques et délivre des certificats de conformité à la charia aux banques et aux institutions financières, afin d’encourager la demande des citoyens pour ce type de transactions financières.

Compte tenu de l’expérience réussie et prometteuse de l’Algérie dans ce domaine, le professeur Boudjellal a révélé que la Banque islamique de développement (BID) attend avec impatience que l’Algérie étende son expérience aux pays africains, d’autant plus que le rôle de premier plan de l’Algérie dans le continent l’encourage à s’atteler à cette tâche.

 

Les défis de la banque islamique

En réponse à une question sur les défis et l’avenir de la banque islamique en Algérie, le professeur Boudjellal affirme l’existence d’une volonté politique sincère de vulgariser les transactions islamiques et la création de banques islamiques, notamment sous l’ère du président de la République Abdelmadjid Tebboune.

Dans ce contexte, l’économiste ajoute que le Conseil Supérieur Islamique constitue une force de proposition particulière dans le traitement bancaire, et recherche un accompagnement plus professionnel, loin de l’accompagnement juridique qui est devenu un véritable gain, raison pour laquelle il a proposé la création d’un conseil de coordination professionnelle de la banque financière, projet qui est toujours à l’étude.

Le professeur Boudjellal a insisté sur la nécessité de mettre en place des organes de contrôle et de développement des transactions bancaires islamiques, soulignant qu’ils peuvent apporter une valeur ajoutée, afin que les citoyens puissent bénéficier des mêmes avantages de la banque classique, contribuant ainsi à instaurer une plus grande confiance entre le citoyen et l’Etat.

R.N.

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