Jeux Olympiques 2024 : Le foot boudé !

Les stades où se disputent les matchs de football des JO 2024 sont loin de faire le plein, de quoi s’interroger sur la place du sport roi dans cette compétition

Les grises mines du personnel du stade de Marseille détonnent par rapport à tous les sourires aperçus sur les différents sites de compétition des Jeux Olympique 2024. « J’ai un pincement, voire carrément mal au cœur, de voir le Vélodrome comme ça », confie un agent presque dépité, malgré la victoire 3 buts à 0 de l’Equipe de France olympique de football face à la Nouvelle-Zélande (3-0), mardi soir. Le symbole de toute une ville était pourtant loin de sonner creux avec 45.000 spectateurs pour la qualification en quarts, contre 60.000 pour le premier match face aux USA. Comme un signe d’essoufflement dans un stade qui compte 68.000 places, et on ne vous parle même pas des affluences pour les autres nations.

Enfin si, histoire de vous donner une petite idée de l’ampleur du désastre. Ils étaient 17.000 personnes dimanche, pour Etats-Unis – Allemagne, deux grosses nations chez les femmes. Et seulement 11.000 samedi pour le match des hommes entre la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis. Ce manque d’intérêt ne concerne pas que les spectateurs. « Oh on se fait ch… mon pauvre, la dernière fois il y avait à peine 15 journalistes dans la tribune de presse », nous glisse un habitué des lieux. La majorité des stades sont concernés, peuvent être mis à part le Parc des Princes et ceux où jouent les équipes de France.

Un tournoi illisible

Sans aucune véritable star libérée par leur club chez les garçons, quand les présences de Griezmann et de Kylian Mbappé revenaient sans cesse sur le devant de l’actualité, difficile d’attirer les foules. Encore moins avec un Euro disputé à peine un mois plus tôt, et l’orgie de foot annuelle de foot à la télé. Les formats du tournoi entre les hommes, avec des joueurs de moins de 23 ans sauf trois exceptions, et les femmes, ne sont même pas les mêmes. Chez les femmes, pas de limite d’âge et encore moins de rétention de joueuses par les clubs, ce sont des dates FIFA. Ces faibles affluences sont pourtant loin de faire sourciller les organisateurs, qui préfèrent se féliciter. Oui, oui. « Au contraire, on est super content ! On savait qu’on ne remplirait pas les stades en phases de poules, et ces belles affluences comme pour celles des Bleus sont au contraire une chouette surprise ! » »

La question tarifaire

L’adjoint au sport de la ville, Sébastien Jibrayel a lui beaucoup moins le sourire devant un stade Vélodrome la plupart du temps aux deux tiers vides. « Pfff, moi en tant qu’élu au sport, dans une ville qui aime le sport, je ne suis pas du tout satisfait de voir un stade si vide. C’est l’image de Marseille, de la France et des Jeux olympiques qui en pâtit », pointe-t-il. Alors il a demandé aux organisateurs de revoir leur politique tarifaire et de proposer des places à 5 euros quand les affluences sont faibles. Des packs à 60 euros pour trois matchs sont bien proposés par les organisateurs, « mais pour les gens qui ne connaissent pas le foot, un match suffit », pointe l’élu. Cette question tarifaire n’est pourtant pas « un sujet » à Paris 2024, qui explique offrir 2.500 places à chacune des collectivités, mairie, métropole, département et région pour en faire profiter les personnes qui n’auraient pas les moyens de venir au stade. Et pourquoi ne pas réfléchir à un nouveau format que celui proposé par les Jeux olympiques ? Le succès rencontré par la dernière Kings League, la compétition de foot à sept en salle, créée par Gerard Piqué, pourrait donner des idées au CIO. Parce que pour voir des dribbles enflammés de Rayan Cherki se terminer en sortie de but comme mardi soir, on a déjà la Ligue 1 hein.

Cette question de la pertinence d’un format si classique, quand le rugby se joue à sept lors des olympiades, passe pourtant « Straight over my head », pour le sélectionneur des Bleuets, Thierry Henry.