Comme un avertissement, Ruben Amorim a eu un avant-goût de la pression du poste. Lundi dernier, en conférence de presse avant la réception de Manchester City sur la pelouse de son Sporting Portugal, celui qui avait déjà été annoncé comme le futur coach de Manchester United a répondu en portugais aux premières questions de la presse britannique. Et déjà, il a pu se frotter à ce qui devrait l’attendre. « Vous savez ce qui nous a manqué ? Votre superbe anglais » lui a asséné un journaliste de Sky Sports.

«Vous aurez le temps d’entendre Ruben parler anglais», a répondu sèchement un officiel du Sporting Portugal et un petit malaise pouvait s’installer. Rien de bien grave, mais de quoi prendre la température avant même d’enfiler pour la première fois le survêtement des Red Devils. La matérialisation d’une impatience, presque une grogne, qui résonne dans le Manchester rouge et qui se fait pressante. Parce que plus le temps passe, plus ce job de coach de Manchester United semble entouré d’un ésotérisme impossible à décrypter. Quelles sont loin, les années Ferguson, soupire Old Trafford à chaque nouveau début de saison.

Déjà tombeur de Pep 

Cette semaine, après une quinzaine de jours d’intérim tenus par Ruud Van Nistelrooy et conclu par une victoire face à Leicester (3-0), Ruben Amorim va donc enfin pouvoir parler anglais. Il aura deux semaines pour s’habituer tranquillement à la météo mancunienne, aux installations de Carrington, et à une partie de son nouveau groupe de joueurs, amputés de ses internationaux. Au bout de l’attente, la première photo de la grande image : un déplacement chez le promu Ipswich, tout juste sorti de la zone de relégation grâce à sa victoire contre Tottenham dimanche (1-2).

Et elle aura intérêt, pour lui, sa carrière, et Manchester, à être belle, cette grande image. Meilleure, plus convaincante, que celle de ses prédécesseurs à la succession de Fergie David Moyes, Louis van Gaal, José Mourinho, Ole Gunnar Solskjaer et Erik Ten Hag. La FA Cup et la Community Shield glanées en deux saisons du dernier d’entre eux, remercié fin octobre, n’auront pas suffit à la maintenir. Ruben Amorim sait où il met les pieds. Et il peut arriver avec quelques espoirs et un certain enthousiasme. «Vous savez que si vous battez Manchester City mardi, vous pourriez être un héros avant même de monter dans l’avion pour l’Angleterre ? », avait poursuivi le journaliste de Sky Sports à sa conférence de presse lundi. Son Sporting Portugal l’a fait, avec la manière, un score qui résonne (4-1) et une équipe moins forte sur le papier. Puis, dimanche, il a conclu son exercice de coach principal du club lisboète par un onzième succès en autant de rencontre contre son ancien club de Braga (2-4).

Retenu par son visa

Autant de résultats qui venaient s’ajouter à son 3-4-3 liquide, sa relation aux jeunes talents, sa capacité à remettre en question ses orientations tactiques, et toutes les autres incitations à l’optimisme que les travées d’Old Trafford ont trouvé à leur nouveau hérault. Il a battu Pep avec le pragmatisme d’accepter de céder la possession, mais aussi l’Arsenal de Mikel Arteta en huitièmes de finale de Ligue Europa en 2022-2023. Et quand cette même saison, son équipe n’avait terminé que quatrième en championnat, il a su laisser tomber la saison suivante la frilosité de circonstance qu’il avait cru bon d’instaurer dans les grands rendez-vous. Résultat : le Sporting redevenu ambitieux retrouvait les cimes du titre l’année suivante. A Manchester United, ces leçons apprises et sa versatilité pourraient être des armes précieuses. Mais il sera certainement plus difficile de faire accepter une saison de plus à jeter dans les poubelles de l’Histoire. Alex Ferguson n’est pas éternel, et la quête de son successeur qui ramènera enfin une quatorzième Premier league aux Red Devils non plus. Mais attention à la guigne.

Van Nistelrooy out !

Les deux semaines presque idéales de Ruud van Nistelrooy sur le banc de Manchester United resteront sans lendemain. Le Néerlandais n’a pas été conservé par Amorim, nouvel entraîneur des Red Devils, a confirmé le club lundi. Van Nistelrooy avait été appelé au chevet de son ancienne formation après le limogeage de Ten Hag, et avec un certain succès. Sous ses ordres, Man United a cumulé trois victoires et un match nul toutes compétitions confondues. «Ruud est, et sera toujours, une légende de Manchester United, a réagi le club dans un communiqué. Nous sommes reconnaissants pour sa contribution et la façon qu’il a eu d’approcher son rôle durant sa période au club. Il sera toujours plus que le bienvenu à Old Trafford. » Les trois autres assistants d’Erik ten Hag, Rene Hake, Jelle ten Rouwelaar et Pieter Morel n’ont pas non plus été retenus par Ruben Amorim, arrivé à Manchester lundi.