Par amar Zentar
Pour avoir exercé quatre ou cinq fois cette fonction, je
suis donc assez bien placé pour en parler. Elle suppose, au
départ, un potentiel cognitif avéré. En ce sens est considéré comme conseiller un porteur de savoir réel dont la surface et la densité dépassent ceux de l’employeur, sinon du
responsable et/ou des responsables qui font appel à ses
compétences. ce qui est déjà un premier écueil ou frein
dans la mesure où, pour la plupart des responsables, un
conseiller n’est qu’un apparat tout juste bon à justifier un
organigramme. a ce titre, il y a un choix cornélien à faire :
ou tu exerces pleinement tes prérogatives (faire au mieux
le boulot qui t’es confié, encaisser ton pactole et attendre
sagement ta prochaine mission ponctuelle) ou tu cherches
à comprendre et, là, tu as deux destinations possibles : la
porte ou la voie de garage… au préalable bien te mettre
cela dans ta caboche aussi élaborée soit-elle : les responsables algériens n’aiment pas les conseillers, ils les considèrent comme de simples faire-valoir, sinon des accessoires inutiles. Pourtant, il est des conseillers très écoutés
(moins chez nous qu’ailleurs s’entend, bien sûr), mais
nombre de responsables préfèrent s’en passer, sachant
qu’eux-mêmes n’étant pas à leur place, il se pourrait donc
qu’ils courent un gros risque (perdre sa place illégitime
par exemple) et, là, le conseiller devient un véritable danger à écarter par tous les moyens, y compris (pour ne pas
dire surtout) les plus inavouables. Et l’administration centrale dans ce genre de situation a tous les moyens
«légaux» à sa disposition : mise à la retraite anticipée,
mutation pour raison de service, appelé à d’autres fonctions, enfin, tous les subterfuges pour éloigner des centres
de décision les empêcheurs de penser en rond…