C’est un article grave, alarmiste et pourtant vide qui a paru hier dans les colonnes du journal français de grande renommée, Le Monde. En titre et sur-titre, deux trop longues phrases qui veulent camper le décor d’une crise où se mélangent des concepts flous d’ «apathie politique» et de «réveil du spectre de la vacance du pouvoir». Tant pis pour la qualité de la langue puisque l’auteur affiche une autre priorité : dramatiser et appeler la France à la rescousse.
Il s’agit de l’édition du journal Le Monde, du lundi 23 novembre, page Internationale. L’Etat algérien plongé dans l’apathie politique. L’hospitalisation en Allemagne du président Tebboune réveille lespectre d’une vacance du pouvoir. L’analyse politique pose donc ses palettes de gouaches et pinceaux épais. Premier coup de maître, l’absence du Président de la république pendant un peu plus
d’un mois qui devient un drame national.«Le président Abdelmadjid Tebboune n’a toujours pas réapparu. Sa dernière apparition publique remonte au 15 octobre.» Spéculations sur le retour ou non de Tebboune vers son pays, doutes et mépris pour les «communiqués laconiques de la Présidence de
la République» afin d’aboutir, par un raccourci, vers la «vacance du pouvoir»… Faute d’information ou de bonne fuite qui permettrait à l’organe prestigieux de propagande française d’illustrer sa thèse,
on se contente de rabâcher ce que les lecteurs ont déjà consommé, dans une récapitulation simpliste et orientée !
Frustration parisienne
En guise de «réveil du spectre de la vacance du pouvoir», on rappelle le cas Bouteflika, en regrettant presque que Tebboune ait préféré la médecine allemande. Madjid Zerrouky cite alors un leader d’opposition, Mohcine Belabes, patron du RCD, se plaignant de la malédiction d’être «gouvernés par des grabataires ou des malades» alors que jusqu’à cette pandémie qui a touché plusieurs chefs
d’Etat, Abdelmadjid Tebboune n’a jamais été un président malade ni grabataire.
A lire entre les lignes, c’est indubitablement les différences profondes qui apparaissent dans le traitement par l’Etat algérien de l’absence du Président et de la prise en charge de son traitement, qui excite le plumitif au service des commanditaires. Pas de Val de Grâce et pas d’apparition fantasque du premier magistrat
algérien qui échappe à la volonté pathologique de contrôle de l’Elysée sur les Affaires intérieures algériennes.
«Le plus grand secret – d’Etat – entoure sa santé», regrette-t-on dès le premier paragraphe comme si, du cancer de François Mitterrand au récent malaise d’Emmanuel Macron, le journal Le Monde avait su rapporter quelque élément de transparence.
Fiction néocolonialiste
Et puisque Paris ne sait rien ou ne sait pas tout, la France doit réaffirmer sa vocation à s’immiscer dans les coulisses de la gouvernance algérienne, quitte à avouer son fantasme d’ingérence. Notre confrère Madjid Zerrouky glissant un interligne audacieux comme ce «soutien indéfectible de la France» et donnant la parole à des intervenants fictifs, désignés chef d’entreprise, acteur du
mouvement citoyen, figure de la société civile… Tous bien anonymes et en accord avec la trame narrative de l’article, c’est-à-dire la vacance du pouvoir en même temps qu’un déficit de légitimité dû
au «rejet massif » du référendum portant révision de la Constitution. Même rengaine, même thèse prônant la faillite de l’Etat algérien pour mieux le livrer à l’ex-métropole coloniale. Enfin, les lecteurs lucides auront noté aussi que le scribouillard a choisi d’épicer son analyse politique réchauffée, en saupoudrant son papier indigeste de commentaires pessimistes au sujet de la crise sanitaire. Une Algérie malade au président absent qui aurait «besoin d’Etat»…d’Etat Français, ya Madjid ?
Le Hirak a pourtant crié le contraire et les Algériens sauront tantôt répondre à cette agression diplomatique, tous unis derrière LEUR Etat !!!
Crésus