Le procès de l’ancien wali d’Alger Abdelkader Zoukh s’est tenu hier après plusieurs reports au tribunal de Tipaza. Les griefs qui pèsent contre lui sont particulièrement graves et cumulent tous les ressorts de la corruption. «Offre délibérée de privilèges non justifiés à un tiers lors de le conclusion d’un marché et d’accords illégaux, corruption dans l’attribution de marchés publics et de contrats, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d’intérêts, et offre d’exonérations fiscales et de réductions sans justificatif légal.» Il ne nous revient pas de commenter le procès ou de spéculer sur la culpabilité de l’ex-haut responsable tant la présomption d’innocence nous semble essentielle lorsqu’un justiciable est appréhendé par la Justice. Mais, après tant d’années d’impunité pour la plupart des personnalités qui ont incarné le régime Bouteflika, personne ne peut cacher sa satisfaction de voir s’appliquer à tous les lois de la République. En effet, nous ne savons pas si Abdelkader Zoukh est coupable des faits qui lui sont reprochés mais nous nous souvenons de l’arrogance de l’individu qui ricanait devant les caméras lorsqu’on l’interrogeait sur des sujets sérieux relevant de sa gestion. On n’oublie pas non plus sa manière de narguer tout le monde sous prétexte qu’il était proche du premier cercle du pouvoir à un moment où la République se réduisait aux manigances du jeune frère du Président déchu et d’une clique de courtisans-complices. C’est en réalité cet acquis du Hirak contre l’impunité qu’applaudissent les Algériens, plus que la lutte contre la corruption qui ne concerne pas que les gros poissons tant elle est devenue endémique et pernicieuse. Mais, comme le dicton affirme justement que le poisson pourrit par la tête, l’offensive de la Justice contre les intouchables d’hier s’avère nécessaire. Une étape symbolique qui devrait provoquer un déclic chez les Algériens, qui ont longtemps désespéré de voir un jour les corrompus rendre des comptes. Le procès de Zoukh, «grande gueule» de l’ère Bouteflika, vient donc rappeler à chacun que ni l’arrogance ni la puissance du moment ne garantissent l’impunité. Même si notre bonne éducation nous interdit de ricaner, pour notre part !
Nordine Mzala