Avec l’absence du chef de l’Etat, la déclaration de Macron et la résolution du parlement européen, le décor est tel qu’il semble n’avoir offert aucune autre alternative à la diplomatie algérienne que de lancer un rappel à l’ordre à tous ceux qui tentent d’imposer leurs agendas à l’Algérie à partir de l’étranger.
Inattendue. Surprenante même a été la réaction d’Alger après l’adoption du parlement européen d’une résolution sur les droits de l’Homme en Algérie. La diplomatie algérienne a fustigé le contenu «outrancier» des députés européens en recourant à un lexique tout à fait nouveau et non usité dans sa sémantique. Le ton était ferme, les mots vigoureux et menaçants. Le ministère des affaires étrangères a parlé d’ «un chapelet d’injures et d’avanies» assurant que la résolution portera «atteinte aux relations de l’Algérie avec ses partenaires européens». Dénonçant un texte «foncièrement haineux» et une immixtion «grossière et inadmissible», Alger dit apporter le démenti «le plus méprisant» à l’ensemble des accusations fallacieuses colportées au de l’hémicycle Européen. A voir la sémantique, le ministère des affaires étrangères a choisi sciemment d’opter pour un langage d’ «affrontement» afin de montrer son exacerbation des ingérences répétées des pays européens dans les affaires internes de l’Algérie. Après cette énième intrusion, Alger a décidé de ne plus rester dans le diplomatiquement correct et de montrer ses griffes. Car, le pays est attaqué sur tous les fronts. La dernière déclaration du président français Emmanuel Macron, empreinte d’un ton «paternaliste», a été largement critiquée par des partis politiques et des associations nationales. Certes, le MAE n y a vu aucune «ingérence» mais les commentaires réducteurs pour l’image de l’Algérie qu’elle a générée, n’ont pas manqué de peser sur l’atmosphère déjà lourd qui règne dans le pays. Surtout que les ennemis du pays ne manquent pas de faire enfler la rumeur sur l’Etat de santé du président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé en Allemagne après avoir contracté le nouveau coronavirus. Avec l’absence du chef de l’Etat, la déclaration de Macron et la résolution du parlement européen, le décor est tel qu’il semble n’avoir offert aucune autre alternative à la diplomatie algérienne que de lancer un rappel à l’ordre à tous ceux qui tentent d’imposer leurs agendas à l’Algérie à partir de l’étranger. Un rappel qui va jusqu’à menacer les partenaires européens d’un changement de cap dans les relations «à un moment où tout plaide pour l’approfondissement du dialogue et de la coopération dans un cadre de sérénité et de responsabilité». Alliée de la Russie et de la Chine, Alger qui a diversifié ses partenaires sur le plan politique et économique, peut aisément opter pour une nouvelle orientation de coopération basée sur «des relations fondées sur les principes de l’égalité souveraine, du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre». Pays pivot dans l’Afrique du nord et important marché des produits européens, l’Algérie est la cible de tous les lobbies afin de mettre main basse sur ses richesses et la maintenir sous «tutelle». Aujourd’hui avec un nouveau président à sa tête, le pays s’est lancée dans de profonds réformes économiques afin de réduire ses importations et de s’assurer une autosuffisance alimentaire. Il s’attelle également à s’ouvrir sur l’Afrique. Des desseins prometteurs qui renforceront, véritablement, l’indépendance du pays et sa souveraineté. Mais le chemin reste long et pleins d’embûches. Les «ennemis» de l’Algérie demeurent terrés, à chaque tournant, dans l’attente du moindre faux pas.
Amine Ghouta