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«Il y a beaucoup de contradictions dans cette loi de finances» (économiste)

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Monsieur Benhabib est un professeur des universités, ayant étudié en Angleterre et obtenu son doctorat d’état en France.

Il est à la tête d’un laboratoire de recherche en management et a écrit de nombreux livres notamment sur l’économie bancaire, la stratégie et l’analyse probabillistique.

Aujourd’hui il nous accorde cet entretien afin de nous éclairer sur les répercussions causées par la pandémie de Coronavirus sur l’économie Algérienne.

Il nous exposera par la suite les solutions qui lui semblent envisageable afin d’y remédier.

Propos recueillis par S. Chaoui

Crésus : Quelles sont les répercussions de la pandémie de Coronavirus sur l’économie Algérienne ?

Les conséquences de la pandémie dépendent des décisions que les gouvernants prennent en fonction de l’analyse et de la perception de la situation qui prévaut.

Si les gouvernants ouvrent totalement les commerces, permettent à tout le monde de travailler et de fonctionner à la normale en faisant abstraction de l’existence de ce virus, l’économie ne sera pas impactée.

Le problème résidera dans le nombre de personnes atteintes et de morts qui sera très élevé.

Nous sommes donc devant un dilemme, soit on ouvre tout et nous auront beaucoup de morts et dans ce cas nous observerons une instabilité sanitaire et sociale, soit on confine totalement et ça va réduire l’activité économique.

Il fallait faire un choix, et je pense que le choix qu’a fait l’Algérie est le bon étant donné que l’on se retrouve avec peu de morts et de personnes affectées comparativement à d’autres pays.

Néanmoins, l’activité économique se trouve un petit peu touchée, surtout le secteur du commerce et du tourisme.

Le secteur de la production fonctionne quant à lui. Il n’est donc pas aisé de se prononcer car on ne peut pas bien mesurer l’impact de la pandémie.

Ce dernier est négatif à certains égards, dans le sens où il a réduit la possibilité des ménages de retrouver leur pouvoir d’achat d’antan.

Il faut savoir que c’est surtout l’économie informelle qui se trouve touchée car elle constitue presque 50% de l’économie globale.

Ceci fait qu’il y a beaucoup de personnes qui se retrouvent sans emploi, sans travail au niveau des secteurs des commerces et de la restauration.

On observe alors un appauvrissement conséquent, preuve en est le nombre de mendiants dehors qui a explosé.

Mais maintenant avec les nouvelles mesures qui vont permettre  aux taxieurs et au secteur du transport de reprendre leurs activités même inter-wilaya, il y a aura une reprise de l’activité.

Il faut évidemment que les citoyens observent les mesures sanitaires sinon on  risque de se retrouver à vivre le même scénario que les anglais.

Crésus : Quel plan de continuité de l’économie ou de relance pourrions-nous adopter dans ce cas ?

Le secteur de la production n’est pas touché totalement, il y a plein d’ateliers qui travaillent en respectant le plan sanitaire en vigueur. Le secteur productif peut être relancé, je suis optimiste.

C’est le secteur commercial qui subit le coup. En effet, dès lors que les gens peuvent s’attrouper et qu’il y a contacts humains, comme dans les commerces, les transports, la restauration et même les universités et cité universitaires, il y a un haut risque de propagation !

Par exemple, avant la pandémie il y avait 3-4 étudiants dans une même chambre universitaire. Maintenant, il faut au grand maximum deux lits par chambre. Ces mesures coûtent énormément si on veut les matérialiser. En plus, le risque de contamination et de propagation du virus serait encore trop important.

Si les autorités concrétisent cette volonté de vaccination générale et rapidement, ce sera une mesure qui permettra de réduire la propagation du virus mais aussi de lancer véritablement les secteurs en berne.

Il faut d’urgence lancer la vaccination, surtout pour les gens qui sont vulnérables mais aussi pour les personnes en contact avec la population comme le personnel médical.

Crésus : Récemment des experts ont avancé que le salaire de l’algérien moyen avait connu une baisse de 11% en raison de la pandémie. Que pensez-vous de ce chiffre ? 

Les économistes analysent des événements sur la base de données et d’informations réelles et sûres.

Quand on dit que la diminution du salaire est de 11%, la réalité pourrait être de 5% ou de 15% !

Il y a une diminution du salaire, c’est évident vu que certains citoyens n’ont pas pu travailler, notamment dans le secteur du transport qui a été affecté particulièrement par cette crise (taxi, train, métro, avions).

Ils n’ont donc pas perçu de salaire, mais ensuite nous ne connaissons pas la proportion exacte de cette perte salariale par rapport au salaire global.

Il faudrait pouvoir mesurer l’impact sur le secteur informel, mais nous n’avons pas les outils ni les chiffres exacts pour pouvoir communiquer un chiffre.

On est dans l’ignorance de certaines données, ce qui ne nous permet pas de réaliser une analyse pertinente de la situation.

Crésus : Le président de la République vient de parapher la loi de finances. Quels sont, selon vous, ses points forts ?

Le point fort fondamental concerne la gestion de la sécurité au niveau national. Parce qu’en ce moment nous sommes cernés, visés. Il est alors nécessaire de prendre des précautions.

C’est comme dans une famille, quand il y a le feu dehors, le père de famille se précipite pour ramener les enfants à la maison.

Tous les systèmes fonctionnent ainsi, devant le danger on se recroqueville, on centralise.

Pour le moment, il n’y a pas encore de centralisation mais j’espère que le gouvernement va fonctionner correctement. D’autant plus qu’à cause du Coronavirus, les autorités n’ont pas pu réaliser le travail qu’elles pensaient accomplir.

Maintenant, avec l’introduction du vaccin, je pense que l’état va commencer à mettre en place les mesures adéquates afin de relancer l’économie nationale.

Cette loi de finances ne me contente pas dans la façon dont les rubriques ont été pensées. Ce n’est pas normal d’allouer des ressources à certains ministères et pas d’autres, on ne peut pas fonctionner comme cela ad eternam.

Il y a beaucoup de choses incompréhensibles et de contradictions dans cette loi de finances. Je ne sais pas si les dirigeants ont voulu calmer les choses ou n’ont pas voulu créer des discontinuités dans la gestion ou ne pas déranger certains.

Par exemple le secteur des NTIC devrait être prioritaire. Nous sommes le dernier pays en terme de débit internet actuellement alors que dans les années soixante-dix nous étions premiers au niveau du Maghreb.

Pour vous illustrer l’urgence de la situation, au niveau de l’université il y a un débit internet très faible qui ne permet même pas de proposer des cours à distance.

Autre exemple, le secteur du tourisme est devenu un secteur très important dans certains pays. Il faudrait en faire autant chez nous car c’est un domaine prometteur pouvant employer la moitié des chômeurs.

J’espère que ce gouvernement fera son maximum pour développer l’agriculture également.

On pouvait, il y a plus de 20 ans de cela, réaliser la souveraineté alimentaire, mais nous ne parlons d’autosatisfaction alimentaire que ces derniers temps.

Nous n’avons fait qu’importer ces produits, c’est vraiment honteux ! L’Algérie dispose de potentialités extraordinaires pour pouvoir satisfaire les besoins de la population algérienne mais aussi pour exporter !

Tout ceci est un exemple de décisions qui ont été mal prises par le gouvernement d’avant.

La prise de décision n’était réalisée que pour satisfaire les intérêts personnels qui consistaient à se maintenir au pouvoir et ce même au prix de la vente de l’Algérie aux étrangers.

Aujourd’hui, j’espère et je pense que le nouveau gouvernement va travailler dans l’intérêt de l’Algérie. Le gouvernement actuel est bien outillé pour cela.

Crésus : Un fond d’investissement a été créé pour les start up, pensez-vous que cela soit un bon investissement de la part de l’état ?  

Oui, on est même très en retard à ce niveau ! Il faire de son maximum pour que cela puisse réussir.

Nous avons des universitaires, des jeunes, qui ont des idées formidables et qui ont les capacités de lancer des produits qui peuvent concurrencer les produits importés. C’est ainsi que l’on pourra lancer la production nationale.

Pour cela, il faudrait que ces jeunes soient animés de bonne volonté et du principe de patriotisme ! Il faudrait aussi que l’état puisse aider ces startuppeurs à démarrer, employer, créer une valeur ajoutée car c’est bénéfique pour le pays et le PIB.

Pour cela des agences et incubateurs sont nécessaires pour les encadrer et les piloter.

Il faudrait que la recherche universitaire soit une recherche utile qui puisse être bénéfique au jeune et au pays et non pas uniquement dans le but d’obtenir un diplôme.

En premier lieu, il est important de résoudre une problématique locale et en deuxième position d’intervenir pour enrichir le champ d’investigation scientifique de l’étudiant.

C’est-à-dire apporter du neuf ou améliorer l’existant à partir d’une recherche académique conjuguée à une recherche empirique pour résoudre les problèmes des entreprises, etc…

Pour mener cette entreprise à bien, il est nécessaire de vacciner tout le monde, les étudiants, les décideurs, par un vaccin de patriotisme et de nationalisme qui est bien souvent manquant.

Entretien réalisé par S. C.

 

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Investissement Participatif : Le premier agrément de Consultant octroyé La Commission d’Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse (COSOB) a annoncé, hier, l’octroi d’un agrément provisoire, pour une durée de 12 mois, à la « Sarl YINVESTI en qualité de Conseiller en Investissement Participatif (CIP), conformément aux dispositions du règlement COSOB n°23-01 du 12 avril 2023 fixant les conditions d’agrément, d’exercice et de contrôle des CIP.

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Le conseiller en investissement participatif est chargé de la création et de la gestion, sur internet, de plates-formes de conseil en investissement participatif et de placement de fonds du grand public, dans des projets d’investissement participatif. Cet agrément provisoire ne devient effectif que lorsque la société mettra en ligne sa plateforme de conseil en investissement participatif avec toutes les conditions techniques de sécurité informatique requises en la matière, à l’issue de quoi la COSOB délivrera un agrément définitif marquant ainsi l’entrée officielle en activité de ce conseiller (CIP).

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Postes électriques : Signature d’un accord entre Sonelgaz et General Electric Le Groupe Sonelgaz a signé, hier à Alger, un accord avec la société américaine "General Electric" visant à étendre les capacités actuelles de leur projet commun, General Electric Algeria Turbines (GEAT), notamment à travers la production d'équipements de postes électriques à haute et très haute tension. 

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La cérémonie de signature s’est déroulée au siège de la Direction générale de Sonelgaz, sous la supervision du PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, en présence de cadres dirigeants du groupe, et d’une délégation de responsables de General Electric, conduite par le directeur exécutif Power Services pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud, Joseph Anis.

Dans une allocution prononcée à cette occasion, Mourad Adjal a souligné l’importance de cet accord qui permettra de répondre aux besoins de Sonelgaz en matière d’équipements de postes électriques à haute et très haute tension, et de réaliser l’autosuffisance dans ce domaine, avec la possibilité d’exporter ce type d’équipements à l’avenir.

Sonelgaz avait créé en 2014 une société mixte avec General Electric, « General Electric Algeria Turbines (GEAT) », pour la fabrication de composants de turbines et le montage de turbines à gaz et à vapeur pour la mise en service de centrales électriques, à travers son usine à Ain Yagout (environ 30 km de la ville de Batna).

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Agroalimentaire  : 650 exposants au Djazagro  L’édition 2024 du salon professionnel de la production agroalimentaire (Djazagro) se tiendra du 22 au 25 avril au Palais des expositions Pins maritimes avec la participation de 650 exposants nationaux et étrangers représentant 28 pays, ont annoncé mardi dernier, les organisateurs de cet événement économique.

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  «Parmi ces exposants qui seront présents au salon, il y aura des entreprises algériennes et une grande partie d’entreprises représentants des pays de l’Union européenne, en plus d’exposants des pays voisins et de Malaisie», a affirmé la directrice du salon, Chantal de Lamotte, lors d’une conférence de presse, animée conjointement avec le commissaire du salon, Nabil Bey Boumezrag. «Cette année encore, nous nous engageons à mettre en avant les dernières innovations technologiques industrielles du secteur agroalimentaire» a-t-elle affirmé en précisant qu’une attention particulière sera consacrée au volet du conditionnement et de l’emballage compte tenu de son rôle primordial dans la vente du produit. «Le rôle du packaging, autrefois limité à la fonction basique de protection du produit et d’information, a considérablement évolué et représente pour les producteurs un élément clé pour se positionner sur le marché et fidéliser les consommateurs», a-t-elle fait valoir. Dans ce sens, elle cité les produits algériens notamment les produits de terroir qui sont «de très bonne qualité» tels l’huile d’olive et les dattes qui pourraient se positionner davantage sur les marchés internationaux à travers le développement de leur packaging. «La force de l’Algérie c’est d’avoir un agriculture bio et une variété impressionnante de produits du terroir qu’il faut juste valoriser à travers l’emballage et le conditionnement», a-t-elle insisté. Pour sa part, le commissaire du salon, Nabil Bey Boumezrag, a souligné l’importance d’un tel événement qui devrait accueillir plus de 23.000 visiteurs dont un nombre important de professionnels et des porteurs de projets en quête d’opportunités d’affaires et de partenariat. «Outre la promotion des produits algériens, le salon représente une plate forme de rencontre qui permet aux opérateurs de prospecter le marché national et renforcer les relations de partenariat industriels avec le tissu productif d’autant qu’il y’a des producteurs agricoles qui souhaiteraient se lancer dans la transformation», a-t-il affirmé, en assurant la disponibilité de machines industrielles pour la petite et la grande transformation afin de répondre à l’ensemble des opérateurs. Djazagro verra également le retour du concours Djaz’Innov pour repérer les innovations susceptibles de dynamiser la croissance du marché agroalimentaire algérien, affirment les initiateurs du salon. Une présélection permettra aux candidats choisis pour cette 3e édition de Djaz’Inov de mettre leur produit, service ou équipement, dans un espace nommé l’Agora des Experts. Les finalistes du concours présenteront leur produit et leur service aux visiteurs. De ce même espace, des conférences sur des thématiques en rapport avec le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire seront présentées au public tout au long du salon. Les communications porteront notamment sur le problème du gaspillage alimentaire, les enjeux de la traçabilité et la labellisation des produits du terroir, la conformité des produits agro-alimentaires et les opportunités d’exportation en Afrique.

 

 

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