Un rapport parlementaire présenté mardi dernier recommande l’assouplissement de la procédure de délivrance des visas par la France pour les demandeurs africains dont les Algériens, jugée trop stricte, notamment sur les regroupements familiaux pendant la pandémie, rapportent hier des médias.
Les auteurs du rapport préconisent l’octroi d’une «dérogation à la fermeture des frontières dans le contexte de la pandémie mondiale pour les bénéficiaires du regroupement familial. «Depuis le 17 mars, des projets de vie sont suspendus», a déploré lors d’un point de presse Sira Sylla, députée LREM (parti gouvernemental) et co-autrice du rapport avec M’jid El Guerrab, député Agir Ensemble (soutenant la majorité), qui appuient la mise en place d’un «laissez-passer» permettant les regroupements familiaux empêchés jusque-là par les restrictions sanitaires.
Le rapport parlementaire met aussi l’accent sur les démarches longues et difficiles pour obtenir un titre de séjour. Parmi les propositions soumises aux parlementaires, on retrouve l’accélération du traitement des dossiers et la simplification des demandes de visas pour les personnes qui en auraient déjà obtenu un par le passé.
Les deux députés proposent également un renforcement du rôle du ministère des Affaires étrangères dans la gestion de la politique des visas, gérée conjointement avec le ministère de l’Intérieur, qui a «trop de poids», selon Mme Sylla. «Le risque sécuritaire est important, la lutte contre l’immigration irrégulière est importante, mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’attractivité de la France», juge la députée. Pou.
El Guerrab, cela doit se faire «en délivrant plus de visas aux talents africains», notamment en Afrique subsaharienne, afin d’attirer des ressortissants qualifiés ou renommés dans leur domaine. En 2019, le nombre de visas Schengen accordés par la France aux Algériens a reculé par rapport à 2018. Selon les chiffres dévoilés, il y a quelques mois par Marc Sédille, consul général de France en Algérie, 272 054 visas ont été octroyés par les consulats de France à Alger, Annaba et Oran en 2019, contre 293 926 en 2018 (-7,5%).
La quasi-totalité des visas délivrés sont des visas à entrées multiples et un quart ont une validité de plus d’un an. La réduction du nombre de visas accordés par la France aux Algériens avait été encore plus importante entre 2017 et 2018 puisque 413 976 visas avaient été octroyés en 2017, soit une baisse de près 30 %. «Depuis deux ans, il est plus difficile d’obtenir un visa, donc les gens soit renoncent, soit défèrent le dépôt de leur demande.
Cette baisse n’est pas uniforme, elle est surtout ressentie à Annaba et à Oran. À Alger, la demande reste très forte», avait expliqué le diplomate français. On en sait un peu plus sur les raisons de cette baisse importante du nombre de visas accordés par la France aux Algériens.
Lors de son audition, fin novembre par le Sénat français, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a révélé qu’il s’agit d’une «décision politique prise par le président Emmanuel Macron. Le Président de la République a pris une décision très forte, l’année dernière, sur la réduction du nombre de visas à l’encontre de l’Algérie», a affirmé
Gérald Darmanin , cité dans le compte rendu de son audition devant la commission des lois du Sénat, publié sur le Journal officiel du Sénat. C’est la première fois qu’un membre du gouvernement français confirme le caractère politique de la décision de réduire le nombre de visas octroyés aux Algériens.
Une quinzaine de femmes, de nationalité française, ont manifesté devant le ministère des Affaires étrangères, à Nantes, le 22 novembre dernier. Elles demandent aux autorités françaises la délivrance de visas pour leurs maris restés bloqués en Algérie, depuis des mois ou des années.
M.T.