L’ONG Human Right Watch (HRW) a rendu public un rapport qui reflète assurément le piétinement des Droits de l’Homme au Maroc qui ont encore reculé cette année notamment à cause de la répression des voix libres sur les réseaux sociaux, selon HRW.
«Bien que le code de la presse ne prévoit pas de peine de prison pour sanctionner des critiques, les autorités continuent de recourir à certains articles du code pénal pour emprisonner des détracteurs.» peut-on lire dans ce document de l’ONG qui cite les artistes, les internautes activiste et les journalistes comme principales victimes de la répression. Ainsi HRW revient sur le cas du journaliste et activiste des droits humains, Omar Radi, défenseur des droits de l’Homme et journaliste, a été inculpé pour des accusations fallacieuses «d’atteinte à la sureté extérieure et intérieure de l’Etat, fraude fiscale, ivresse publique et espionnage…», une manière de le condamner à tous prix en tentant de faire du détenu politique un repris de justice de droit commun. Parmi les «infractions» reprochées aux activistes figurent «le manque de respect dû au roi, l’offense aux institutions de l’Etat et l’outrage envers des fonctionnaires publics.»
Par ailleurs, les notes illustrées qui incriminent le régime marocain font état d’un bilan particulièrement répressif. «Entre septembre 2019 et janvier 2020, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice au moins 10 activistes, artistes, étudiants ou autres citoyens dans différentes villes, pour leurs commentaires critiques mais non violents des autorités exprimés par des affichages sur Facebook, dans des vidéos sur YouTube et via des chansons de rap. Ce harcèlement visant bien entendu à faire taire toutes critiques contre le régime monarchique. Il faut dire que la politique intérieure et extérieure du Makhzen va très souvent à l’encontre de la volonté populaire et des intérêts du peuple ou des «sujets marocains.»
Dernier exemple, la décision de normaliser les relations avec l’Etat sioniste prise par Rabat a suscité une large vague d’indignation parmi les Marocains dont les leaders d’opinion ou personnalités influentes ont été sommés de ne plus attaquer cette position diplomatique sous peine de poursuites judiciaires… Or, HRW mentionne aussi dans sa synthèse les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire dont les auxiliaires commettent toutes sortes d’abus de pouvoir contre les droits élémentaires des citoyens. «Violation du droit du prévenu de contacter un avocat lors de son interrogatoire par la police (…) les agents de police contraignent souvent les détenus à signer des déclarations auto-incriminantes, sur lesquelles les juges s’appuient par la suite pour les condamner.» Ajoutant que «certains détenus de renom qui ont été gardés à vue au secret 23 heures par jour et donc privés de contact avec les autres détenus.»
Le rapport de HRW témoigne aussi des entraves que rencontrent les associations de défense telle de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), dont «79 de ses 99 antennes locales ont vu les autorités refuser de s’occuper de leurs formalités administratives, ce qui limitait leur capacité à effectuer certaines démarches comme l’ouverture de nouveaux comptes en banque ou la location d’espaces.» Le mépris affiché par les services de sécurité à l’endroit de la femme, donc celles qui sont victimes de violences conjugales ou autres montre aussi le déni de droit encouragé par le Makhzen.
Quant au Sahara Occidental, l’ONG rappelle le statu quo politique et dénonce «Les autorités marocaines qui empêchent systématiquement la tenue au Sahara occidental de réunions de soutien à l’auto-détermination sahraouie, font obstruction au travail de certaines organisations non gouvernementales de défense des droits humains, notamment en bloquant leur accréditation et, occasionnellement, passent à tabac des activistes et des journalistes en garde à vue ou dans les rues.» Enfin le dossier conclut : «En 2020, 19 Sahraouis étaient toujours en prison après avoir été condamnés en 2013 et 2017, à l’issue de procès inéquitables, pour les meurtres de 11 membres des forces de sécurité commis en 2010, lors d’affrontements survenus quand les autorités ont démantelé par la force un vaste cantonnement de protestataires à Gdeim Izik, au Sahara occidental. Dans leur verdict de culpabilité, les deux tribunaux se sont appuyés presque entièrement sur les aveux obtenus par la police, sans enquêter sérieusement sur les affirmations selon lesquelles les deux accusés avaient signé leurs aveux sous la torture. Le 25 novembre, la Cour de Cassation, plus haute instance juridique du Maroc, a confirmé le verdict de la Cour d’appel.»
Synthèse de Nordine Mzala