Bachir Amokrane, écrivain algérien, s’attelle actuellement à rédiger un ouvrage intitulé «Omar Aktouf, un homme libre inquiet du monde», à propos de Omar Aktouf, professeur émérite à HEC Montréal au cœur de vives polémiques sur son courant de pensée et philosophie concernant l’économie.
Alain Deneault, docteur en philosophie et professeur en sociologie à Paris, a rédigé la préface de ce livre qu’il énonce sous le titre «un penseur hors pair».
Selon lui cet ouvrage s’adresse autant au «lecteur révolutionnaire que le réformiste», qui «trouveront matière à réflexion dans tous ces exposés».
Notant que «le principal mérite du travail de Bachir Amokrane est de faire valoir la singularité de ces rencontres disciplinaires (…) en suivant la grande histoire sociale du travail», le philosophe insiste sur la nécessité du «regard cru» d’Aktouf. Celui-ci «prend racine dans une expérience de vie sans commune mesure avec les univers bourgeois et petit-bourgeois depuis lequel pérorent les ayants droit de la parole publique».
Concernant le choix de terminologie du titre de la préface, il le justifie dans ses propos en considérant que «Omar Aktouf se distingue tout à fait du grand nombre», notamment grâce à ses analyses objectives des «faux-semblants d’une ‘science’ qui légitime, en les couvrant d’un voile de vertu, des pratiques d’exploitation éhontées d’entreprises ayant pour seules visées l’accumulation massive de capitaux».
Ainsi, ce professeur de management de l’École des hautes études commerciales de Montréal « fit progressivement l’objet d’une exclusion – une sorte d’excommunication – de la part de ses collègues professeurs durant les années 1990 et 2000», continue l’auteur.
Pour raisons de cette exclusion, Alain cite les travaux de Aktouf «faisait particulièrement mal », telles que les questions qu’il s’est posées à propos du fait «que nous soyons si nombreux dans le monde, à l’ère du surdéveloppement technique, à travailler aussi dur, et autant» ou alors, il a cherché «quel intérêt le capital a-t-il dans cet état de fait ? ».
Ainsi ses réflexions juxtaposées à son «engagement public vivant et vivifiant, dans le désert politique que fut le tournant des xxe et xxie siècles» lui ont valu de devenir « une référence publique notoire », précise le docteur en philosophie.
Mettant en valeur, à juste raison, l’intérêt de Bachir Amokrane à « souligner le caractère interdisciplinaire et surtout le haut niveau de culture dont témoigne le travail d’Aktouf », le professeur reconnait en lui «quelqu’un qui a un grand sens de l’histoire tout en se montrant sociologue », grâce à son travail de renommée internationale «qui le projette aux quatre coins du monde», continue-t-il.
Enumérant ses qualités et valeurs tant humaines que professionnelles, le philosophe cite entre autre sa capacité à procéder à une «halte critique lorsque des mots, comme les galvaudées liberté et économie, se placent au cœur des dispositifs de croyance et de représentation du pouvoir privé», qualifiant ainsi Aktouf d’«éthicien» qui analyse moult phénomènes économiques en les mettant en rapport avec «la destruction écologique que ses méthodes provoquent» afin de pouvoir «ensuite l’affranchir de sa visée capitalistique».
S.Chaoui