Le Maroc poursuit depuis quelques jours sa campagne de désinformation concernant le complexe Ghar Djebilet en indiquant par ailleurs que l’Algérie a violé la convention signée entre les deux pays en 1973 et publiée au Journal officiel n° 48 du 12 juin 1973.
Les Marocains s’estiment même en droit de partager les bénéfices liés à la production du minerai depuis que l’Algérie a signé un contrat d’exploitation avec les Chinois il y a quelques jours. La convention de coopération entre l’Algérie et le Maroc signée par les deux pays pour la mise en valeur de la mine de Ghar Djebilet considère que l’Algérie «est propriétaire du gisement minier de fer de Ghar Djebilet, situé sur son territoire et relevant de sa pleine et entière souveraineté».
Le roi Hassan II n’a fait aucune objection quant à la souveraineté de l’Algérie sur la mine et a accepté les termes de l’accord en signant le traité. Pourquoi les Marocains reviennent à la charge et revendiquent la moitié de la production sachant que cette terre appartient à l’Algérie.
Il est indiqué dans ce traité que le Maroc dispose «par son territoire notamment de possibilités d’évacuation et d’embarquement du minerai de fer de Ghar Djebilet par un port marocain qui sera situé sur l’Atlantique» et de ce fait peut aspirer à une partie du bénéfice comme elle le fait d’ailleurs pour le gazoduc qui transite par ce pays pour être acheminé en Espagne. Il est clairement noté que les deux pays sont tenus de «coopérer dans les meilleures conditions économiques, d’agir dans les meilleurs délais et, en conséquence de créer une société mixte chargée du transport du minerai et de coopérer avec l’organisme algérien qui aura été chargé par l’Etat algérien de l’exploitation de la mine».
Si à l’époque de la signature du contrat qui n’est jamais entré en application, l’Algérie n’avait pas de débouché maritime pour exporter son minerai de fer, aujourd’hui les données ont totalement changé puisque l’Algérie n’a plus besoin de ce débouché marocain pour exporter son minerai de fer.
Aussi l’Algérie n’est pas tenue de respecter cet engagement commercial qui, il faut le rappeler, n’est pas contraignant. Seule obligation pour l’Algérie est de céder à la partie marocaine contre un prix à convenir entre les deux parties, une partie de la production. C’est-à-dire que l’Algérie vend au Maroc pour ses besoins en sidérurgie pour un prix de cession qui sera déterminé entre les deux parties. L’Algérie a déjà entamé l’étude sur la possibilité d’exploiter la mine de Ghar Djebilet afin d’accompagner le développement de la dynamique de production de l’acier dans le pays.
L’objectif est de parvenir à un volume de 16 millions de tonnes de fer et d’acier par année à l’horizon 2030, destinées à couvrir la demande intérieure et à l’exportation. La mine de Ghar Djebilet est une mine de fer située à Tindouf et découverte en 1952 , elle est l’une des plus grandes mines de fer dans le monde. Ses réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont 1,7 milliard de tonnes sont exploitables.
Le 12 mars 2017, la société nationale de fer et de l’acier (Feraal) signe avec l’entreprise chinoise Sinosteel equipment & engineering un protocole d’accord de réalisation des études de faisabilité pour le développement du gisement. Le contrat inclut aussi la réalisation par des centres de recherche chinois des essais de déphosphoration et d’enrichissement sur quatre procédés différents. Les laboratoires algériens ont pu atteindre en 2015 un taux de déphosphoration avoisinant 0,1%.
Le gisement de Ghar Djebilet s’étend sur plus de 131 km2, ses réserves exploitables sont estimées à 2 milliards de tonnes de minerai avec une teneur de 58,57% de fer. Feraal compte commencer l’exploitation industrielle du minerai de Ghar Djebilet en 2021-2022. Le projet permettra de placer l’Algérie en tant que leader de l’industrie sidérurgique et métallurgique africaine. Parmi les retombées positives de ce projet, la création de 5 000 emplois directs et 25 000 emplois indirects.
Mahmoud Tadjer