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La boue et Baudelaire de Malika Rahmani: Quand les fleurs du mal prennent forme

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Visible à la galerie Bloom the art factory jusqu’au 24 juillet, l’exposition de l’artiste sculpteure autodidacte Malika Rahmani offre une interprétation personnelle et intimiste des corps féminins peuplant Les fleurs du mal, célèbre recueil de poèmes de Baudelaire.

L’exposition de sculptures de Malika Rahmani, intitulée «La boue et Baudelaire», plonge le visiteur dans l’univers fantasque de Charles Baudelaire, habité par les corps féminins de l’imaginaire du poète maudit.

Sculptés en terre cuite et d’une blancheur immaculée, ces corps féminins, délibérément anonymes, représentent les différentes figurines féminines du monde intemporel de Baudelaire.

Allant de la vierge, à la mère jusqu’à la madone, toutes les formes et courbes sont présentes afin d’illustrer les différents poèmes dont ils s’inspirent. Pour n’en citer que quelques-uns : Allégorie, L’idéal, Une martyre, et La géante. «Martyrisé, ayant souffert, donné la vie, chaque corps est marqué par son histoire et c’est ce qui fait son originalité et le rend unique», commente l’artiste à ce propos.

Concernant la couleur blanche et laiteuse de ces corps, elle justifie ce choix afin de permettre à l’observateur «de voir les formes, la lumière et les ombres et qu’on fasse abstraction du reste». Malika fait d’ailleurs le choix d’exposer ses sculptures et de les mettre en valeur de la même façon que les poèmes qui les ont inspirés. Pour elle, «les deux se complètent» afin de donner tous les éléments de lecture de ses œuvres aux visiteurs.

En mouvement comme dans le poème Le serpent qui danse ou statique, vierge de tout regard ou ayant donné la vie, les corps sont dans tous leurs états et se plient sous les mains de l’artiste qui a su les modeler fidèlement à la description du poète.

Malika souhaite, à travers cette exposition, montrer la diversité des corps féminins et prouver qu’ils sont beaux même s’ils ne répondent pas aux canons actuels de la société, pour elle «Baudelaire voit de la beauté dans ce que l’on pourrait considérer comme des défauts, il n’a pas une vision formatée par la société de la beauté des corps féminins».

Qu’elle soit adulée, méprisée ou même damnée, la femme garde toute sa splendeur entre les mains de Malika. De l’innocence à la vie adulte, vierge inféconde ou mère, toutes les femmes baudelairiennes peuplent la galerie.

Pour Malika  «à chaque étape de notre vie, nous faisons une lecture différente de ce recueil de poèmes». C’est ainsi qu’elle propose aux visiteurs ses sculptures qui sont «une modélisation des mots du poète». Elle précise à ce propos que le résultat final est une «représentation tangible des poèmes, modelée par l’instinct, sur le moment ». Son souhait étant d’ «immortaliser la vision fluctuante avec le temps des poèmes délirants de Baudelaire », elle tente donc de figer son ressenti en tant que femme et lectrice de ces vers.

Si l’on devait résumer en une phrase cette première exposition de Malika Rahmani, ce serait en reprenant les mots de la galeriste Sabrina Tazamoucht : «Les figures du Spleen et de l’Ideal ont mené l’alchimiste à extraire la beauté du mal et la sculpteur à modeler de sa boue».

Pour découvrir les fleurs du mal à travers une nouvelle dimension, les visiteurs sont invités à se rendre jusqu’au 24 juillet, à la galerie Bloom the art factory, sise 48 chemin Poirson, à el biar et ce du samedi au mercredi entre 11h et 19h.

Sarra Chaoui 

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