Environnement
Après la «COP26» : Quelles implications pour l’Algérie
Sauf imprévu majeur, L’Égypte accueillera la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, autrement dit la Cop 27. D’ici là, le monde sera vraisemblablement exposé à moult événements climatiques parfois très fâcheux particulièrement sur les plans, socio-économique et environnemental. Cela étant, alors que le rideau est tombé sur la COP26, il appartient à chaque pays de faire le point sur les résultats de la récente édition et d’en tirer les conclusions qui s’imposent selon le contexte et les objectifs de tout un chacun.
Comme de nombreux pays dans le monde
L’Algérie souffre de l’exacerbation de phénomènes météorologiques extrêmes, comme la montée sans précédent des températures moyennes et canicules, en plus de la désertification, la dégradation des terres et les pénuries d’eau potable comme ce fut le cas durant la saison estivale écoulée à cause de la sécheresse et du manque de pluie. Aussi, il ne faut pas oublier le casse-tête des inondations qui cause des pertes humaines et matérielles parfois considérables. Cependant, l’Algérie reste attachée à la mise en œuvre de la Convention-cadre et de l’Accord de Paris, dans le respect de ses capacités nationales et des principes qui sous-tendent. L’Algérien peut vivre dans un environnement sain et un niveau de vie meilleur ainsi que les principes de développement durable tout en préservant les ressources naturelles. Pour ce faire, dans le programme d’action du gouvernement récemment adopté, un certain nombre de mesures sont en train d’etre prises, notamment la mis en en oeuvre d’un plan climat national qui comprend 155 activités.
Les engagements de l’Algérie dans sa lutte contre les changements climatiques : le Plan d’Action du Gouvernement
Concernant la protection de l’environnement, l’action du gouvernement sera orientée vers la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique. La préservation de l’environnement et le recours aux énergies renouvelables sont une priorité de la stratégie énergétique et environnementale du gouvernement. Pour la réalisation de ces objectifs, le gouvernement s’engage à : • renforcer la protection de l’environnement et la lutte contre toutes les formes de pollutions et à promouvoir des technologies de production plus propres avec la prévention et l’atténuation des impacts négatifs sur l’environnement ; • élaborer un plan national et des plans locaux d’adaptation aux changements climatiques et le renforcement de la résilience face à leurs effets ; • développer les énergies renouvelables hors réseau, afin d’atteindre une production de 1000 MW à l’horizon 2030, dont 500 MW d’ici 2024 [6]. 2.2 Cadre législatif encadrant le domaine des énergies renouvelables en Algérie La stratégie énergétique algérienne est inscrite résolument dans la voie du développement durable en y intégrant la promotion des énergies renouvelables. Quelques principaux textes législatifs encadrent le domaine des énergies renouvelables dans le cadre de la protection de l’environnement des effets néfastes des changements climatiques et énoncent les incitations dont bénéficie ce secteur. L’Algérie a ratifié l’accord de Paris en 2016 et a souligné, son engagement à lutter contre les changements climatiques par des engagements ambitieux. L’Algérie adopte un cadre juridique favorable à la promotion des énergies renouvelables. Pour atteindre les objectifs d’atténuation, l’Algérie mise sur une stratégie cohérente qui s’étale du 2020 à 2030. Elle se base notamment sur le programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique qui permettra d’atteindre à l’horizon 2030 une part de renouvelables de près de 27% dans le bilan national de production d’électricité et 37 % de la capacité installée.
Le cas Algérie vu au niveau international
Selon les documents officiels de la COP 26, le cas Algérie a été traité sous l’angle ʺdes implications pour l’Algérie en tant que pays producteur de pétrole et de gazʺ. Il est communément admis que le traitement d’un sujet aussi important et pertinent que celui de l’avenir climatique d’un pays, doit faire appel à des spécialistes en la matière ce que nous avons jugé très utile de faire intervenir. La mise en œuvre de l’Accord de Paris que le Pacte de Glasgow rend désormais opérant, a des implications multiples pour un pays producteur de pétrole et de gaz à l’image de l’Algérie. Les implications sont de deux ordres : celles qui se rapportent directement à son engagement pour le climat ; et celles, plus difficiles à anticiper, qui sont engendrées par des défis imposés.
Pour ce qui est de l’engagement pour le climat, les observateurs de la COP26, ont pu constater qu’en raison de contraintes multiples, dont l’insuffisance de ressources financières et de capacités humaines et institutionnelles, beaucoup de pays sont restés en retrait. L’Algérie apparaît, dans une certaine mesure, appartenir à cette catégorie. Cependant, le pays a le potentiel de rehausser à moindre coût son implication et, partant, accroître son influence sur la scène climatique à la hauteur de ses ambitions. A cet égard, quelques constats et suggestions découlant de ces observations méritent d’être soulignés. A l’occasion de la COP21 fin 2015 à Paris, les États avaient fait part de leurs objectifs pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, sous la forme de contributions appelées « NDCs » (pour Nationally Determined Contributions). Présentement, la NDC de l’Algérie repose sur un projet d’atténuation plutôt vague, imprécis et, au demeurant, non mis à jour depuis l’Accord de Paris. La nouvelle NDC (qui devra être soumise dans un an à la COP27 en Égypte où elle fera l’objet d’une revue indépendante et transparente) gagnerait à être alignée sur l’objectif renforcé commun de 1,5°C et refléter en conséquence des ambitions accrues. Pour peu qu’elle soit basée sur des politiques, stratégies et programmes d’atténuation avérés, elle pourrait être perçue comme un message fort, gage d’un réengagement authentique pour le climat. Par ailleurs, bien que menées dans des cadres institutionnels représentatifs, la concertation et la coordination aussi bien au niveau national qu’au sein du bloc de négociation africain auquel l’Algérie a réitéré son adhésion, semblent imparfaites. Au niveau national, et à titre d’exemple, les efforts de Sonatrach – la compagnie nationale de pétrole et de gaz – pour intégrer le climat et les émissions atmosphériques dans sa politique d’entreprise (telle que récapitulée dans son dernier rapport annuel) ne semblent pas avoir été consignés, encore moins promus à Glasgow. Quant au bloc africain, comment expliquer que le Nigeria, également pays pétrolier et gazier et, de surcroît, membre de l’OPEP, se soit rallié à l’accord pour la réduction des émissions globales de méthane mais pas l’Algérie ? Maintenant que la réduction du méthane, très nocif pour le climat, est contraignante aux termes du Pacte de Glasgow, l’Algérie ne peut plus se soustraire à la tâche de mettre en place un plan d’action idoine, de concert avec l’ensemble des pays émetteurs concernés. Ceci est d’autant plus important que le méthane commence à faire une mauvaise réputation à l’industrie du gaz, risquant ainsi de compromettre la place que celle-ci ambitionne dans la transition énergétique mondiale. Au défi spécifique du méthane, s’ajoutent d’autres défis plus complexes et incertains. Certains découlent essentiellement du fait que, pour la première fois, un pacte climatique cible explicitement les énergies fossiles. D’autres dérivent des engagements pris à Glasgow, en marge des négociations, comme ceux de l’alliance BOGA pour l’obsolescence autoprogrammée de la production d’hydrocarbures ; ou ceux plus décisifs d’une composante importante du secteur financier international pour la réallocation de ses actifs d’investissement au profit des énergies à bas carbone. Tous ces développements introduisent des facteurs de risques inédits et aléatoires dans l’évaluation des projets pétroliers et gaziers et, de ce fait, augurent mal pour l’avenir d’une industrie vitale pour l’Algérie.
Un livre blanc sur les catastrophes naturelles en préparation
Le ministère de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, en concertation avec les différents départements ministériels prépare un livre blanc sur les impacts des catastrophes naturelles induites par les changements climatiques en Algérie.
Le document, qui sera présenté au gouvernement avant fin de ce mois de décembre, devrait comporter des données chiffrées sur les dégâts enregistrés et les impacts écologiques directs et indirects. Outre les statistiques sur les pertes engendrées par les catastrophes naturelles, le document devrait également contenir des informations sur les efforts déployés par l’Algérie tant pour la réparation que pour la prévention des calamités. Ainsi, la démarche préconisée consiste à recenser, depuis une vingtaine d’années, tous les dégâts induits par les changements climatiques d’une façon pluridimensionnelle. Chaque département ministériel et/ou grande institution concernés sont invités à faire le point, à la fois des dégâts matériels, des pertes humaines, des incidences économiques et des Dégâts prévisibles, à court et à moyen termes. Selon le ministère, le livre blanc, élaboré à la demande du gouvernement, a d’abord une finalité nationale qui permettra aux pouvoir publics de mieux cerner les problèmes liés aux catastrophes naturelles afin de les prévenir ou, du moins, les gérer d’une manière plus efficace. Le document a également « une finalité internationale car il servira d’argument pour le pays qui entend défendre son projet de lutte contre la pollution et les changements climatiques au niveau des instances internationales en vue de bénéficier d’un appui financier de la part des Nation Unis. « Statistiques et photos à l’appui, le document en question présentera les dégâts des changements climatiques dus à la pollution que l’Algerie subit ainsi que les efforts qui sont consentis pour atténuer l’impact de de tout ces problèmes écologiques.»
Les enjeux et défis auxquels l’Algérie est et sera confrontée
Dans l’immédiat, le défi le plus tangible est celui que pose l’expansion et l’intégration des marchés internationaux du carbone et, dans leur sillage, l’introduction de tarifs carbone, sous la forme de ce qui est appelé ‘mécanisme d’ajustement carbone aux frontières’. Outre évidemment la création de revenus budgétaires supplémentaires, ces taxes visent surtout à décourager les délocalisations de productions émettrices (assimilables, dans le contexte du climat, à des fuites de carbone) et à inciter les producteurs-exportateurs de pays tiers à réduire leurs propres émissions. Comme l’institution d’un tel mécanisme est bien envisagée au sein du principal marché algérien – celui de l’Union Européenne, il devient urgent que le pays se préoccupe sérieusement de son impact potentiel sur les exportations d’hydrocarbures. Les implications ainsi esquissés ne sont pas exhaustives mais donnent un aperçu des enjeux et défis auxquels l’Algérie est et sera confrontée. Ce sont aussi celles auxquelles plus d’attention devra être accordée et pour lesquelles davantage d’efforts devront être déployés. Le plus tôt sera le mieux.
Rabah Karali