Malgré la détermination du Président de la République à relancer l’économie, la régulation du marché national en matière de distribution des produits de large consommation continue à subir des tensions. De l’aveu du ministre du Commerce et de la Promotion des Exportations, Kamel Rezig, qui a réagi avant-hier, la spéculation demeure une des causes principales de la pénurie concernant l’huile de table.
En décalage avec les vœux du Président de la République pour une nouvelle année dédiée à la relance de l’économie, la problématique des pénuries récurrentes vient encore ternir l’actualité au sujet de l’huile de table, malgré des efforts de l’Etat qui a encouragé la production de ce produit en s’attelant à sortir le pays du «monopole de fait» que détenait, un temps, l’un des grands producteurs du pays.
Encore la spéculation…
Les observateurs auront remarqué que la pénurie n’a pas touché l’ensemble du pays mais quelques localités en raison de la distribution et en fonction des stocks ou de la proximité des pôles de production. Mais, le ministre du Commerce et de la Promotion des Exportation l’a reconnu dimanche en s’adressant par visioconférence aux directeurs du commerce régionaux et de wilayas : «Des perturbations ont été enregistrées dans certaines régions du pays.» Sans préciser de quelles régions il s’agit, Kamel Rezig a révélé que le manque en cette denrée essentielle de l’alimentation des ménages serait encore une fois lié à la spéculation. «Ces pénuries sont dues essentiellement à la spéculation, d’autant que les quantités de production sont fixées et suffisantes pour satisfaire les besoins du marché local.» En effet, on se souvient que suite à la crise de la disponibilité de l’huile de «sans goût» en 2011, qui a provoqué un début de troubles à l’ordre public en pleins «Printemps arabes», l’Etat avait encouragé la multiplication des investissements dans le domaine, pour éviter le phénomène de monopole qui était alors reproché au groupe Cévital qui réfutait toutes situations d’abus en rétorquant que ses concurrents n’avaient pas la même capacité de production et qu’en conséquence l’entreprise de Rebrab dominait le marché.
Inonder le marché !
Depuis, d’autres producteurs complètent la liste des producteurs et les chiffres officiels attestent d’une production suffisante comme l’a affirmé le ministre Rezig. En effet, au printemps dernier, des indications chiffrées ont été rendues publiques par le ministère du commerce : «La capacité de production en huile de table est de l’ordre de 3500 tonnes/jour contre une consommation quotidienne de 1600 tonnes.» Un ordre de grandeur qui écarte tout spectre de pénurie n’étaient la problématique de la régularité de la production dépendante de l’importation de la matière première pour la trituration, celle de la distribution et du stockage à travers le vaste territoire national et enfin, la spéculation que dénonçait encore hier le ministre du secteur. Plus qu’une dénonciation, Kamel Rezig a tenu à rassurer en déclarant que l’Etat a réagi face aux spéculateurs. «Intensification des sorties sur le terrain avec les services de Sûreté en vue de contrôler les dépôts et les magasins, notamment ceux non déclarés.» Le ministre a aussi déclaré qu’il avait été encore une fois demandé aux opérateurs concernés d’augmenter leurs productions. « Des instructions fermes ont été données et portent sur la nécessité de coordonner avec les producteurs afin d’augmenter les quantités de production et de satisfaire la demande sur ce produit.» Stratégie tacite pour inonder le marché et neutraliser la spéculation en empêchant l’augmentation anarchique du prix du produit. Il reste à attendre les effets de cette énième intervention du ministre sur le marché alors que Kamel Rezig n’a pas réussi l’année dernière à réguler le marché de la pomme de terre malgré moult tentatives. Des échecs qui contredisent la détermination du gouvernement à stabiliser le marché national en produits locaux de qualité et compétitifs en prévision de nouveaux accords avec l’Union Européenne et l’OMC. Nordine Mzala