C’est au moment où il commémorait le «premier anniversaire de l’Accord tripartite Maroc-USA-Israël» que le Makhzen a publié un bulletin officiel pour mettre fin officiellement aux fonctions de son ambassadeur en Algérie et supprimer par la même occasion ce poste de sa nomenclature diplomatique. Un message révélateur dont l’opinion internationale prendra acte parce qu’il confirme les dénonciations de l’Algérie au sujet de l’hostilité du Maroc qui prépare, visiblement depuis des années, un plan de déstabilisation de la région au profit de parties étrangères.
Par Nordine Mzala
Point besoin de se faire diplomate pour apprécier l’intention qui se cache derrière cette décision diplomatiquement incorrecte. Au lieu de se ressaisir face à l’Algérie qu’il a provoquée et offensée à maintes reprises, voici que le Maroc officialise la fin de fonctions de son ambassadeur en Algérie et supprime en même temps le poste !
Zèle et diversion
C’est à travers un bulletin officiel du Ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, publié le 30 décembre dernier, que le Royaume a enfoncé le clou. Hasard suspect du calendrier, cette décision coïncide avec la commémoration de l’accord honteux et décrié au niveau de la société marocaine, celui de «l’alliance malsaine politico-militaire entre Rabat et l’entité sioniste sous les bons auspices de l’Administration américaine» comme le définit un internaute marocain de la région de Fès qui vit aux Pays-Bas. Pour les observateurs avertis, la suppression du poste d’ambassadeur en Algérie fait partie d’une opération de diversion consistant à détourner l’opinion publique marocaine, qui réprouve le rapprochement de Rabat avec l’entité sioniste et la distraire par un discours anti-Algérie. Une manœuvre double du Makhzen consistant aussi à donner des garanties de loyauté aux sponsors de Rabat dans ce plan néocolonialiste de déstabilisation de la région, en écartant toute réconciliation possible avec Alger, la capitale africaine qui incarne la résistance aux ingérences et complots contre les peuples et les Etats de la région.
Provocations incessantes
Pour rappel, cela fait des mois, depuis que la crise s’est aggravée à l’été 2021 entre l’Algérie et le Maroc suite aux provocations de trop de la part du Royaume. Du soutien grotesque à l’organisation terroriste Mak, jusqu’à l’implication des services marocains dans les incendies criminels qui ont causé des centaines de morts en Algérie, en passant par l’espionnage par les écoutes téléphoniques grâce à le logiciel Pegasus de fabrication israélienne, les actes d’hostilités se sont multipliés. Parallèlement à ces attaques incessantes, le Maroc s’investit dans des alliances fondées sur le ressentiment contre l’Algérie et son peuple, allant jusqu’à projeter l’installation d’une base militaire israélienne sur son territoire pour menacer le voisinage. En juillet dernier, l’Algérie a rappelé son ambassadeur qui était en poste au Maroc, en guise de protestation, et a demandé à Rabat des explications sur des faits précis «suite à la dérive de la représentation diplomatique marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays membres du mouvement Non-alignés dans laquelle le Maroc soutient publiquement et explicitement un prétendu droit à l’autodétermination du peuple kabyle.» Le Royaume chérifien ne daignant pas répondre à l’interpellation de la diplomatie algérienne, Alger a décidé à la fin du mois d’août de rompre les relations diplomatiques avec Rabat.
Les Marocains en colère
Pour autant, il n’a jamais été question de supprimer le poste d’ambassadeur d’Algérie au Maroc, tant l’Algérie fonde ses relations avec les Etats et non avec les régimes. En effet, en raison de l’évidente fraternité ancestrale entre les peuples marocain et algérien, comme l’a rappelé le Président Abdelmadjid Tebboune lors d’une interview accordée au début de son mandat à une chaine de télévision russe, l’Algérie, puissance régionale ne peut s’autoriser à insulter l’avenir. Surtout qu’une colère couve au sein du peuple marocain contre les intrigues du Palais, contre l’allégeance du régime marocain à l’entité sioniste et aux puissances étrangères néocolonialistes. De l’avis d’experts internationaux neutres, la royauté est en péril au pays de Mohamed VI et un soulèvement populaire peut survenir à tout moment. Il est à parier que le peuple marocain exigera de ses nouveaux dirigeants un retour à des relations de bon voisinage avec l’Algérie, terre de la résistance contre la colonisation. En ce sens, la suppression du poste d’ambassadeur n’a pas de sens tant la grandeur des peuples sait contredire la bassesse des dirigeants vendus comme Esau, personnage bliblique, contre un plat de lentilles.