Les dirigeants ouest-africains se sont réunis, à nouveau hier sur le Mali, avec l’éventualité de durcir ou non les sanctions.Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a dépêché samedi deux ministres auprès de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, en prévision de ce double Sommet sur le Mali, théâtre de deux coups d’Etat militaires depuis 2020 et en proie à une profonde crise sécuritaire. Dans le souci de «maintenir le dialogue et une bonne coopération avec la Cédéao», les envoyés maliens ont présenté «une nouvelle proposition» de calendrier au président en exercice de l’organisation, le chef de l’Etat ghanéen Nana Akufo-Addo, a rapporté l’un des deux émissaires, le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Il n’a pas précisé de durée. Mais cette démarche visait à l’évidence à apaiser le courroux d’un certain nombre des chefs d’Etat et de gouvernement à la veille de leur Sommet.
Transition difficile
La junte demandait initialement jusqu’à cinq ans, un délai a priori inacceptable pour la Cédéao et paraissant appeler immanquablement de nouvelles sanctions. La junte est revenue sur son engagement de tenir en février des élections législatives et présidentielle ramenant les civils à la tête du pays. Les autorités de «transition» disent ne pas être capables d’honorer cette échéance. Elles invoquent l’insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes. Et la nécessité de réformes, comme celle de la Constitution, pour que les élections ne souffrent pas de contestations à l’instar des précédentes. La Cédéao pousse au retour des civils dans les meilleurs délais. Pour l’organisation dont la crédibilité est en jeu, il s’agit de défendre ses principes fondamentaux de gouvernance, de stopper la contagion du fait accompli et de contenir l’instabilité régionale. Un calendrier étalé sur cinq ans ramènerait un an et demi en arrière. La junte demandait cinq ans. La Cédéao avait transigé à 18 mois, avec des élections en février 2022.
Gel d’avoirs financiers
Mesure de l’importance des enjeux pour la Cédéao comme pour le Mali au cœur de l’instabilité sahélienne, ce sera la huitième fois que les dirigeants ouest-africains se retrouveront, en présentiel ou en visioconférence, pour parler spécialement du Mali depuis août 2020, sans compter les sommets ordinaires. Fait exceptionnel, cette réunion de dimanche a été précédée dans la capitale ghanéenne d’un autre Sommet extraordinaire, celui des dirigeants de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Les huit pays de l’UEMOA sont membres de la Cédéao. Ce Sommet est considéré comme augurant d’une possible action concertée et peut-être de sanctions économiques…