La nouvelle va soulager les automobilistes traumatisés par la privation de leur droit de conduire et toutes les conséquences que cela implique : A partir du 1er février prochain, il n’y aura plus de retrait du permis de conduire pour punir les infractions au code de la route. Les ministres du Transport et de l’Intérieur ont officialisé cette décision, reste à savoir quelles mesures de substitutions seront prises afin de dissuader les fous du volant de mettre leur vie et celles des autres en danger. Permis à points et fortes amendes et meilleur formation à la conduite pour éviter l’hécatombe routière ?
C’est une décision très populaire qui a été entérinée hier. Les Algériens, dans leur ensemble, ont toujours douté de l’efficacité de cette pratique répressive contre les automobilistes, une sanction qui a causé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. Plus de retrait du permis de conduire à partir du 1er février.
Retrait et complications
L’administration avait fini par reconnaitre que cette sanction dissuadait très peu des conducteurs en créant de dégâts collatéraux. Encombrant les wilayas et dairas, mobilisant le personnel des commissions chargées de définir la durée du retrait, provoquant un «interventionnisme» gênant pour la récupération des permis de personnes influentes, suscitant parfois la corruption, provoquant aussi la perte des documents, le retrait de permis s’est accompagné de mille tracas pour les autorités. Avec, selon l’aveu des responsables pas assez de bénéfices en matière de prévention de l’infraction au code de la route. «Les vrais comportements dangereux ne sont pas forcément réprimés» alors qu’un petit dépassement de la vitesse autorisée, un stationnement malencontreux ou autres «petites fautes» ont coûté d’énormes soucis à leurs auteurs. Certains ont perdu leur emploi, ne pouvant plus se circuler, d’autres ont dû payer très cher un chauffeur remplaçant ou un taxi pour les déplacements importants comme ceux relatifs aux soins ou au travail. Pendant que des pistonnés ont pu récupérer leurs permis dans les heures qui ont suivi le retrait et sans jamais passer devant la commission.
Fortes amendes
Désormais, il faudra payer plus cher les contraventions selon ce qui a été annoncé par les pouvoirs publics. Une méthode qui pourrait faire réfléchir les chauffards en ces temps de crise économique où l’inflation pousse les ménages à plus de rigueur dans la dépense. Selon les premières informations qui ont été données par les autorités compétentes, les services de sécurité garderont toutefois le permis de conduire de l’auteur d’une infraction en attendant qu’il s’acquitte de l’amende correspondant à sa forfaiture. Il pourra circuler au volant pendant dix jours grâce à une attestation qui leur sera remise par les agents de police ou par la gendarmerie. On précise que le délai maximal pour le paiement desdites amendes sera de 45 jours au-delà desquels une majoration du montant de l’amende sera appliquée.
Permis à points
L’Etat compte donc sensibiliser les automobilistes en menaçant leurs portefeuilles, méthode très répandue à travers le monde en même temps que les poursuites pénales auxquelles s’exposent les mauvais conducteurs lorsqu’ils commettent des fautes graves telles la conduite en état d’ivresse, un excès de vitesse exagéré etc. Dans ces cas-là, l’immobilisation du véhicule est de mise et les contrevenants risquent une comparution immédiate devant le procureur de la République. La fin du retrait du permis de conduire ne signifie donc pas l’impunité au volant. D’ailleurs, il faut aussi rappeler que la mise en place d’un permis à point est toujours d’actualité, les modalités pratiques étant encore en préparation. La généralisation du permis de conduire biométrique devrait participer à cette nouvelle option coercitive face à un nombre d’accidents de la route encore bien trop élevé par rapport aux moyennes mondiales. Enfin, le gouvernement pourrait, selon certaines sources, plancher sur l’exigence d’une meilleure formation des candidats au permis de conduire dans les auto-écoles parce que la prévention passe aussi par la sensibilisation et l’éducation en amont de la répression des comportements dangereux ou inciviques sur la voie publique.
Nordine Mzala