Engagé précocement dans le combat pour l’indépendance nationale, enrôlé à peine 15 ans au sein du PPA, feu Hocine Aït Ahmed est le deuxième chef de l’Organisation spéciale (OS), dont il héritera la responsabilité à l’âge d’à peine 22 ans, pour en faire un instrument de lutte, d’organisation et de préparation pour la lutte armée contre le colonisateur français…
Trempé dans l’adversité, dès son jeune âge, cet illustre personnage, avait marqué et continue de marquer l’Histoire de l’Algérie, en raison de son engagement, de sa lutte continue pour une Algérie indépendante, débarrassée du joug et de la barbarie coloniale française. Homme aux combats pluriels, Aït Ahmed aura marqué jusqu’à la fin de la vie politique nationale. Il s’engage, à la fleur de l’âge, au sein du mouvement national et assume d’éminentes fonctions, très jeune. Il chapeaute, à l’âge de 22 ans à peine, l’Organisation spéciale (OS), vivier des futurs dirigeants du FLN sous le pseudo de «Si Madjid». Aït Ahmed a participé à la création de l’OS, véritable pépinière de militants nationalistes initiés aux techniques de la guérilla, qui vont ensuite encadrer les katibas de l’Armée de libération nationale (ALN). Il ne tardera à montrer ses capacités d’organisateur, alors qu’il vient d’entamer ses vingt ans. Il affichera un caractère de chef politique, alors qu’il était encore au lycée de Ben Aknoun, aux côtés d’autres militants nationalistes qui vont marquer le combat pour l’indépendance de l’Algérie, dont entre autres, Omar Oussedik, Benaï Ouali, Amar Ould Hamouda, Chibane Saïd et Idir Ait-Amrane. Il va se faire remarquer très vite, lors de la réunion du Comité central du PPA-MTLD, en 1948, à Zeddine (Miliana) avec sa Contribution écrite, fruit d’une réflexion mûre sur la stratégie de lutte que devait emprunter le PPA-MTLD. Il se révélera «fin diplomate» et expert «hors pair» des enjeux mondiaux, avait-il indiqué, soulignant qu’Aït Ahmed conseillait toujours de «transcender les clivages de chapelles et les dissensions pour l’intérêt de l`Algérie». Il sera encore à l’origine du vol de la poste d’Oran en 1949 destiné à l’achat des armes pour la future guerre d’indépendance. Dans l’ouvrage «La guerre d’Algérie vue par les Algériens», les historiens Benjamin Stora et Renaud de Rochebrune soulignent que la préparation de l’opération remonte au début de l’année 1949, lorsque le responsable national de l’OS de l’époque, Aït Ahmed, lors d’une réunion avec ses éléments, décide de trouver les fonds pour financer les activités de l’organisation et l’achat des armes nécessaires pour préparer le déclenchement du combat libérateur. Le choix porté sur la poste d’Oran a été fait sur la base d’informations données à Ahmed Benbella, responsable de l’OS pour l’Oranie, par un employé des PTT, Djelloul Nemiche. Aït Ahmed informe le SG du PPA-MTLD, Hocine Lahouel, du projet. Selon Stora et de Rochebrune, grâce à l’appui décisif de Hocine Lahouel, le feu vert est donné par les rares responsables au courant. La date de l’attaque a été arrêtée pour le prochain premier lundi du mois, soit le 5 avril 1949. Comme pour le mois précédent, Aït Ahmed regagne Oran accompagné de Omar Haddad, et repère, au centre-ville, une traction avant noire avec, sur le pare-brise, un macaron de médecin. Grâce à un subterfuge, ils parviennent à chercher le praticien chez lui pour l’enlever et l’emmener jusqu’à un lieu de rendez-vous fixé entre-temps. Le but est d’éviter que le médecin signale le vol de son véhicule et ne donne l’alerte. Le lendemain, à 7h45, un commando est sur place. L’un de ses membres accède au guichet des télégraphes et parvient à tromper la vigilance de l’agent en poste pour permettre au reste du groupe d’investir la salle où est gardé l’argent. Ils neutralisent deux agents, surpris en train de compter les fonds. Pressés, les membres du commando ramassèrent le maximum de billets se trouvant à leur portée, avant de prendre la fuite à bord du véhicule, sous le regard ébahi des passants et des clients des deux cafés, «L’Aiglon» et «Vallauris», faisant face à la Grande poste. L’opération a été une réussite, même si le butin, une somme de 3.178.000 francs.
Mohamed Belouizdad, premier chef désigné
Infatigable chef de l’Organisation spéciale (OS), l’âme même de l’OS, Mohamed Belouizdad, dont la famille s’est consacrée entièrement pour l’Algérie, s’est engagé très jeune dans le mouvement national, au sein duquel il s’est imposé parmi ses ténors comme un responsable de premier plan et un militant hors du commun. A 19 ans, il est responsable du Comité des jeunes de Belcourt du PPA qui compte en 1944, près de 500 membres. Mohamed Belouizdad fut un des organisateurs de la manifestation du 1er mai 1945, ce qui lui valut d’être activement recherché par la police, a relaté Benyoucef Ben Khedda, qui ajoute que son père et ses frères furent arrêtés et sa famille maltraitée. Mais Mohamed Belouizdad poursuit son activité militante. Il mène une vie clandestine sous le pseudonyme de «Si Messoud». Il est envoyé dans l’Est du pays. Il y reste deux années au cours desquelles il réussit non seulement à restaurer l’Organisation démantelée par la grande répression de mai 1945, mais à constituer des noyaux où ils n’existaient pas. Il prend part au congrès de 1947, qui a vu la mise en place de l’OS, dont il va prendre la tête. Mohamed Belouizdad a dû céder sa place à son adjoint, Aït Ahmed, tant il s’est dépensé sans compter, lui causant des soucis de santé, l’empêchant d’exercer ses responsabilités. Aït Ahmed a indiqué dans son livre «Mémoires d’un combattant, l’esprit d’indépendance 1942-1952», que lorsque Belouizdad était encore jeune employé au Gouvernement Général, il avait animé des cellules du parti à Belcourt, et transmis à la direction de nombreux documents «secrets» et des informations «précieuses». Selon Aït Ahmed, Mohamed Belouizdad possédait une culture «remarquable» dont il ne faisait pas étalage, ne la révélant que dans des interventions «rarissimes» mais d’une «sobriété et d’une clarté peu commune». Il ne se plaignait jamais de son mal (il était atteint de la tuberculose), il ne départit jamais de son calme. Sa réserve n’était nullement «indifférence» mais «humble» et «bienveillante attention». D’origine plébéienne, il devait, a ajouté Aït Ahmed, ses manières raffinées d’aristocrates à son sens des responsabilités et à son flegme. Il meurt en janvier 1952 à l’âge de 28 ans et le PPA-MTLD lui fait des obsèques nationales.