Par Rachid Ezziane
Si le philosophe, dans la peau du sage érudit, croit en la justice et l’équité, et pour s’y faire en politique a besoin de s’armer de sciences et de patience, l’opportuniste, lui, n’a besoin que de son flair pour s’introduire dans les rouages de la chose. Quelle soit politique, économique, culturelle… et que sais-je encore ? Voyez comment l’ancien métier de « retourner » les vestes a du vent en poupe. Car ce qui différencie l’opportunisme de tous les autres métiers (il faut savoir que de nos jours l’opportunisme est devenu un métier – marque déposée) c’est son accointance avec toutes les situations aussi ubuesques soient-elles. Il n’a qu’un seul principe : « le roi est mort, vive le roi ». Le reste, pour lui, n’est qu’affaires et affairisme. Y compris l’honneur et le patriotisme.
Le sage se gausse et se tait. De tout ça, il n’en croit pas une seule traite. Car la philosophie, sagesse de toutes les sapiences, lui a appris que seul le désintéressement fait la sincérité du fait et tout ce qui va avec.
J’ai beau fuir la politique, mais à chaque fois je suis rattrapé par ma naïveté d’intellectuel « littéraire ». J’ai beau faire semblant de ne m’intéresser qu’à l’imaginaire et la fiction. Qu’à la versification et l’enchantement de la poésie. Qu’à la stylistique et ses méandres enchevêtrés. Qu’à l’Iliade et l’Odyssée, qu’à Don Quichotte et ses moulins à vents, qu’aux nouveaux titres de la rentrée livresque, mais à chaque fois la réalité politique me rattrape. Et à chaque fois qu’elle me rattrape, elle me noue la gorge et les entrailles.
Si vous voulez mon avis sur la politique, le voici : Droite, gauche, centre, nationaliste, islamiste ou populiste, rien n’y change. Car tous les chemins de la politique mènent au pouvoir.
La vindicte et la vengeance peuvent devenir des instruments de contre-révolution. Dans les circonstances actuelles, il vaut mieux pardonner que de haïr pour entamer un meilleur avenir. Les exemples dans le monde ne manquent pas. Ne détournons pas le fleuve de son cours. Car plus que tout ce qui a été fait jusqu’à cet instant, c’est de voir l’Algérie, peuple et nation, se solidariser pour un seul et unique objectif : vivre dans la paix dans un pays des droits et des institutions. Tout le reste viendra après. Le développement et le bien-être…
Peuple ! C’est dans toi que naissent les prophètes et les sages érudits. Peuple ! Tu es la source de tes joies et de tes maux. Il n’y a pas pire ignorant comme celui qui connaît les autres mais ne se connaît pas. « Toutes les spéculations sont grises, mon ami, mais éternellement vert est l’Arbre de la vie », disait Goethe. Car On ne meurt pas de ce qu’où on est ; on meurt de ce que notre feuille est tombée de son arbre… On ne meurt même pas de ce qu’on est malade ; on meurt de ce que notre vie finit quelque part.