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Culture

Recension livresque : De nos frères blessés ( Joseph Andras)

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Il était une fois un homme juste dans une guerre injuste…

Telle est l’essence de l’ouvrage dont je fais la recension.  C’est le récit de la vie d’un pied-noir, né Algérien et qui décide de mourir Algérien.

« Iveton demeure comme un nom maudit… On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça. J’ai dû prononcer le nom (d’Iveton) deux ou trois fois devant lui et cela provoquait toujours un malaise terrible, qui se transformait en éructation… On se heurte à la raison d’Etat », avait écrit Benjamin Stora dans un de ses ouvrages, mention écrite en dédicace en première page de cet ouvrage.

Voilà, tout est dit. Devant la raison d’Etat, on ne peut aller au-delà de l’éructation.  Le reste est un récit d’un ouvrier anticolonialiste qui choisit le camp de la justice avant celui de sa mère, pas comme chez quelques intellos qui, eux, avaient choisi leur mère avant la justice. (Suivez mon regard).

Le roman relate, avec un style romanesque bien châtié, l’arrestation de l’ouvrier Fernand  Iveton, son interrogatoire musclé (avec torture), sa détention, le procès, puis la guillotine. On y lit aussi un aperçu de son enfance en Algérie, puis la rencontre avec Hélène qui deviendra son épouse.

Fernand Iveton est arrêté pour avoir posé une bombe artisanale, fabriqué par Taleb Abderrahmane, dans un entrepôt de l’entreprise où il travaillait. La bombe n’explose pas, ne fait pas de victimes ni de dégâts matériels.

Le roman est construit de telle façon que l’on voyage d’un temps à un autre. D’un lieu à un autre. D’un état d’âme à un autre. Simplement. Presque en se faufilant entre les lignes. Les « séquences » s’interfèrent en abîme et en flash-back. Pour atténuer  le douloureux récit « présent » du prisonnier Iveton, l’auteur  revient à son passé serein et plein de petits bonheurs.

« Le corps de Fernand est presque entièrement brûlé. Chaque portion, chaque espace, chaque morceau de chair blanche ont été passés à l’électricité. On le couche sur un banc, toujours nu, la tête dans le vide, incliné vers l’arrière.  L’un des policiers dépose sur son corps une couverture humide tandis que deux autres le ficellent solidement au banc. Ta deuxième bombe va sauter dans une heure. Si tu ne parles pas avant on va te crever ici, tu reverras plus jamais personne, tu entends, ça, Iveton ? » – lui crient ses tortionnaires. (Page 22.)

Toute cette torture inhumaine, les Algériens doivent savoir que Fernand Iveton l’avait subie pour l’indépendance de l’Algérie.

L’auteur montre aussi que Fernand Iveton n’est pas le grand héros, mais juste un homme qui aimait la vie, espérait en elle réaliser ses rêves, fonder un foyer et vivre dans une Algérie libre et indépendante. Le reste, pour lui, n’était que rire et bonheur…

Après le procès, Iveton sera condamné à la peine de mort. Personne n’y avait cru car Iveton n’avait fait de mal à personne. Sa bombe n’avait pas explosé. Mais « les choses » se sont acharnées contre lui jusqu’au refus du président Cotty pour lui accorder la grâce. C’est François Mitterrand, qui était ministre de la justice, qui avait voulu cette exécution pour « l’exemple », car Iveton, comme on le sait est le seul Algérien d’origine française à être guillotiné.  Fernand Iveton était l’ami de l’autre « indépendantiste » l’aspirant Maillot.

Il sera guillotiné le 11 février 1957. La même année, 40 Algériens seront guillotinés.

Telle est l’histoire de cet Algérien pied-noir qui a choisi de mourir Algérien jusqu’à son dernier souffle.

Parlons maintenant un peu de l’auteur. « De nos frères blessés » est le premier roman de l’auteur Joseph Andras. Il est né en 1984. Il reçoit pour ce roman le prix Goncourt du premier roman qu’il refuse. Dans une lettre adressée au jury du Goncourt, il justifie son refus en déclarant que : « La compétition, la concurrence et la rivalité sont à ses yeux des notions étrangères à l’écriture et à la création. »

C’est un roman que les Algériens doivent lire pour l’autre « devoir de mémoire ». Aussi pour avoir une idée bien claire sur des vérités non dites, par omission ou autres desseins. Surtout pour parfaire leur quête de fraternité entre tous les hommes et d’où qu’ils viennent.

Il est à noter qu’un film a été tiré de ce roman par le réalisateur Hélier Cisterne avec comme personnages principaux Vincent Lacoste dans le rôle de Fernand Iveton et Vicky Krieps dans le rôle de sa campagne. Un film que tous les Algériens et les épris de liberté doivent voir, disent les critiques cinématographiques.

De nos frères blessés

De Joseph Andras

Editions Barzakh, Alger. 152 pages.

Rachid Ezziane

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Culture

L’ONDA allège les demandes d’aide sociale au profit des artistes

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L’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (ONDA) a annoncé le lancement d’un nouveau service en ligne permettant aux créateurs et artistes membres de l’Office de demander à distance de «l’aide sociale», a indiqué l’organisme public dans un communiqué.

L’ONDA rappelle ce service s’inscrit dans le cadre de sa «stratégie visant à moderniser les services fournis à ses adhérents et à alléger les démarches administratives…».

L’aide sociale est une prestation couvrant les frais de santé du membre cotisant, notamment le transport (en ambulance ou en avion), les analyses et explorations biologiques et radiologiques, la mise à disposition de matériel spécialisé ainsi que les frais d’hospitalisation, plafonnés à 100 000 DA par an.

Cette aide peut couvrir d’autres dépenses «exceptionnelles» et peut être accordée sous forme d’aide «directe», ne dépassant pas 200 000 DA par an, précise l’ONDA, qui appelle ses membres à accéder à la plateforme via son site officiel: www.onda.dz.

R.C

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Théâtre : «Les ruelles des héros» présentée au TNA Le spectacle «Aziqat el abtal» (Les ruelles des héros), une adaptation de la pièce historique «Les enfants de la Casbah» de Abdelhalim Raïs, qui revisite l’implication active des milieux urbains dans le combat libérateur, a été présentée vendredi soir à Alger, par l'Association «Mouthalath El Hayat» (Le triangle de la vie) de la Protection civile.

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Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le spectacle mis en scène par Mohamed Belkaissarira, relate l’histoire d’une famille vivant dans la Casbah d’Alger, un des quartiers populaires de la capitale qui ont beaucoup milité dans la résistance contre le colonialisme français, notamment durant la Bataille d’Alger. Servi par 17 comédiens, le spectacle met en scène l’histoire d’une famille algérienne composée de trois frères qui chacun selon ses convictions et ses possibilités rejoignent la lutte armée pour renverser l’ordre colonial. Sur scène les trois frères, Djamel, Rachid et Mourad avec leur parents, mènent un dialogue, rythmé par de récurrentes altercations verbales et disputes entre les frères, qui militent tous dans la clandestinité pour le Front de libération nationale (FLN), à l’insu des autres membres de la famille. La scénographie, signée Halim Rahmouni, se base sur un décor statique minimaliste qui suggère une maisonnette de la Casbah avec un patio, des meubles d’époque et une fontaine. En filigrane, le spectacle est un hommage aux sacrifices de toutes les franges de la société algérienne qui ont contribué activement aux combats pour l’indépendance, et montre les difficultés et la dure réalité de la clandestinité. Œuvre de  Abdelhalim Raïs, «Les enfants de la Casbah» a été présentée pour la première fois à Tunis en 1959 par les membres de la troupe artistique de Front de libération nationale (FLN), avant d’être reprise au TNA au lendemain du recouvrement de l’indépendance. La pièce avait également été adaptée à la télévision avec, entre autres comédiens Nouria, Mohamed Kechroud, Sid Ali Kouiret et Sid Ahmed Agoumi. Produite en 2017 par l’Association «Mouthalath El Hayat» (Le triangle de la vie) de la Protection civile, «Les ruelles des héros» a été  présentée dans le cadre de la Journée nationale des Scouts musulmans algériens, célébrée le 27 mai de chaque année.

 

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Clôture des 18e «Andaloussiates El Djazair» : Le patrimoine culturel en fête La scène des 18e «Andaloussiates El Djazair» a accueilli, vendredi soir à la salle Ibn-Khaldoun, l'association culturelle et musicale «Maqam» de Constantine, un grand Ensemble de musique andalouse qui a célébré l’ancestralité de ce patrimoine de la culture algérienne.

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   Accueillie à la mythique salle Ibn-Khaldoun, la vingtaine d’instrumentistes, dont six musiciennes, de l’Orchestre de l’Association «Maqam» était dirigé d’une main de maître par le maestro, Moundji Benmalek, un Chef d’orchestre -également président de ce bel Ensemble- aux qualités exceptionnelles, au regard de la rigueur et du professionnalisme observés par tous les éléments de ce collectif. Dans des atmosphères solennelles, l’Ensemble constantinois a rendu une prestation pleine, empreinte de pureté et de droiture académique, un sans faute hautement apprécié par le public malheureusement peu nombreux, comparable, de l’avis d’un spectateur, «au rendu d’un support sonore commercial (CD) dont le travail aurait été revu, corrigé et peaufiné à la perfection, avant de descendre sur le marché». Durant une heure de temps, l’Ensemble «Maqam» a rendu en un seul jet et sans interruption aucune, une prestation en deux parties : d’abord quelques extraits de «Bachraf Kamaroun» suivis de «Noubet H’çin Saba» ensuite et dans le genre hawzi, les pièces, «Ya Layem» d’Ahmed Bentriki et «Khatri bel’djfa t’âddeb» communément connue sous le titre de «Et’Taleb».  L’Association culturelle «El Djenadia» de Boufarik a animé également vendredi soir à Alger, un récital de chants andalous, également mené par de jeunes instrumentistes, dénotant d’une grande volonté à former et encourager les jeunes talents. Une belle prestation qui a sublimé l’ancestralité et la profondeur historique du patrimoine musical andalou, représentant aujourd’hui «un héritage séculaire, transgénérationnel» selon son président, Abdelkader Essemiani. Rappelant le génie créatif des poètes érudits et des grands compositeurs des siècles derniers, les prestataires de l’Ensemble El Djenadia, ont notamment rendu une Nouba dans le mode Sika et quelques «Hwaza» dans le mode Djarka. Inqileb «Wa melli bi djismi» b’taïhi «Zada el hobbo wajdi» «Istikhbar» derdj «Soltanet bnet el hay» n’çraf-khlass «Ya loun el âssel» et les kh’lasset «Ya men dara» et «Dir el oqqar» ont constitué les pièces rendues avec une grande maîtrise technique et artistique, durant la première partie. Les solistes, Nassim Boughzala et Insaf Abdelbaki aux Ouds, ainsi que Sara Benmessaï et Meriem Si Ahmed aux violons altos, ont enchanté l’assistance avec leurs voix présentes et étoffées, aux tessitures larges. Ouverte le 13 mai dernier, les 18e «Andaloussiates El Djazair» ont pris fin hier avec les prestations des Ensembles, «El Fekhardjia»d’Alger et «El Fen wen’Nachat» de Mostaganem.

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