Par Rachid Ezziane
Il y a dans mon cœur de poète une inspiration d’ailleurs qui me dicte sa muse. Après plusieurs prises de bec avec mon ego de versificateur, j’ai opté pour un poème à la Jacques Prévert. Celui-là, je l’ai souvent lu presque en larmes sous la dégaine d’un soupir venu de loin. Il avait toutes les réponses en vers pour la mal-vie du peuple et la suffisance des nababs. Voici une image en mots de ce qui se trame là où l’on soupçonne anguille sous roche. Prenez juste un peu de temps de votre temps et lisez ma complainte à l’allure de poème. Vous y rencontrerez, certes, des mots tristes et de l’humeur à faire couler des larmes de nostalgie, mais, je vous le dis en toute sincérité, il ne s’agit point de nostalgie mes amis, mais d’un profond mal que je ne saurai vous dire d’où me vient-il. Je sais que vous connaissez un bout de cette peine. Je sais que vous l’avez, vous aussi, un jour pris de revers. Et même que vous l’avez bu jusqu’à la lie du calice.
Lisez. Donnez-moi votre avis…
Si je suis triste et taciturne c’est parce que les oiseaux ne chantent plus sur les rebords de ma fenêtre. Ou peut-être que je ne peux plus entendre leur ramage comme autrefois.
Si je suis triste et taciturne c’est parce que quand je sors de chez-moi je dois faire attention pour ne pas être fauché par le premier parvenu au volant du fléau-quatre-roues du siècle.
Si je suis triste et taciturne c’est parce que les journaux sont devenus des bulletins nécrologiques. Dans toutes les rubriques rode l’odeur du macchabé.
Si je suis triste et taciturne c’est parce qu’il n’y a plus d’échelle des valeurs. Tout est arrivisme. Course effrénée vers le sac poubelle noir bourré de billets.
Si je suis triste et taciturne c’est parce que je ne peux plus déambuler dans les rues sans slalomer entre les étals posés à même le sol et les mendiants aux mains tendues.
Si je suis triste et taciturne c’est parce que j’ai honte de subir tous ces « nihilismes » sans rien faire pour les changer ou les dénoncer.
Si je suis triste et taciturne c’est parce que je subis dans ma chair et mon âme la décadence sans pouvoir lui trouver une explication ni j’ai la magie pour remonter le temps.
Mais… malgré ma solitude et ma tristesse, je continuerai à apprendre à mes enfants l’utilité de la politesse et le bien fondé de la civilité quoiqu’il advienne.
Mon âme s’est apaisée avec cette parodie poétique. Je la partage avec les adeptes de la versification. En leur laissant toute la lassitude de l’apprécier ou non. Mais qu’ils sachent que ma modeste muse est d’une sincérité presque naïve.
A tous les puristes de la vie, je tends ma plume à la place de ma main en leur souhaitant de « s’entrevivre » tant qu’il y a la vie…