Par Rachid Ezziane
Elle était envoyée par l’illustre héros du Caucase, Chamyl (1797 – 1871). Chamyl était un chef religieux et politique des tribus du Caucase. C’était un musulman sunnite. Quand il entendit parler des exploits de l’Émir Abd el-Kader, surtout après les événements de Damas, il voulut lui manifester son admiration et sa fraternité dans la religion et le combat pour la justice. Il lui écrivit une lettre qui resta dans les annales de l’Histoire. Elle disait ceci : « A celui qui s’est rendu célèbre parmi tous, grands et petits ; qui par ses nombreuses et précieuses qualités, se distingue du reste des hommes ; qui a éteint le feu de la discorde avant qu’il n’ait eu le temps de se propager ; qui a déraciné l’arbre de l’inimité, dont le fruit est, comme toujours, le visage du démon. Que Dieu soit loué, qui a revêtu son serviteur de force et de foi ! Nous voulons parler de l’ami sincère et véritable. Abd el-Kader le juste. Salut à toi ! puisse le palmier du mérite et de l’honneur porter des fruits en ta personne !…/… Apprends que, lorsque mon oreille a été frappée de ce qui est détestable à l’ouïe, et odieux à la nature humaine ─ je fais allusion aux évènements récemment arrivés à Damas entre les Musulmans et les Chrétiens, dans lesquels les premiers ont étalé une conduite indigne des sectateurs de l’Islam, et qui ne peut que conduire à toutes sortes d’excès ─ Un voile s’est abattu sur mon âme, et mon visage, habituellement tranquille et serein, s’est couvert des ombres de la mélancolie…/… Mais quand je fus informé que vous aviez abrité les tributaires sous les ailes de la bonté et de la compassion ; que vous vous étiez opposé aux hommes qui agissent contrairement à la volonté du Dieu Très Haut, et que vous avez conquis la palme de la victoire dans l’amphithéâtre de la gloire ─ Succès que vous avez largement mérité ─ je vus ai loué, comme Dieu le très haut vous louera au jour où la fortune et les enfants seront peu de chose. En réalité, vous avez pratiqué la parole du grand apôtre que le Dieu très Haut a envoyé, en témoignage de compassion, à ses humbles créatures, et vous avez dressé une barrière contre ceux qui rejetaient son grand exemple. Puisse Dieu nous préserver de ceux qui transgresse ses lois ! Impatient de témoigner de l’admiration que je ressens pour votre conduite, je me hâte de vous adresser cette lettre, telle une goutte débordant de la fontaine de mes sympathies. »
« Signé : l’infortuné qui, par les décrets du Grand Maître, est tombé entre les mains des infidèles. »
Mais à cette époque (1860), plusieurs rois, chefs et monarques avaient envoyé des lettres pour encenser la magnanimité d’Abdelkader pour avoir défendu la justice envers et contre tout…