Par Rachid Ezziane
Avez-vous entendu parler d’un président pauvre ? Non ! Jamais ! Et pourtant ça a existé…
Lisez ce qu’il a dit et vous saurez de quoi il s’agit.
« Si on continue avec nos monarchies, avec nos seigneuries féodales, avec les vassaux qui sonnent la trompette lorsque le maître sort chasser…
Pour tout ça, on serait restés au Moyen Âge. Pourquoi a-t-on fait des révolutions ? Au nom de l’égalité et tout le reste. Toutes ces demeures présidentielles, ça revient au même. En Allemagne on m’a fait escorter par 25 motos BMW, on m’a mis dans une Mercedes-Benz dont chaque portière pesait 3 tonnes à cause du blindage…
Pourquoi faire, tout ça ?
Je reste humble, je prends ce qui vient, je fais avec, mais quand même… je dois dire ce que je pense. On ne manque pas de moyens. C’est la volonté politique qui fait défaut. Les gouvernements ne se soucient que du résultat du prochain scrutin, de savoir qui sera le chef. On se bat pour le pouvoir… et on oublie les gens, les enjeux mondiaux. La crise n’est pas écologique, elle est politique. Cette phase de la civilisation exige un consensus planétaire. Mais on regarde ailleurs. On est aveuglé par le chauvinisme et par la soif de domination, surtout, dans les pays les plus puissants. Alors qu’ils devraient donner l’exemple. Il est honteux que depuis 25 ans, depuis les accords de Kyoto, on rechigne encore à appliquer des mesures élémentaires. C’est honteux.
L’homme pourrait bien être le seul animal capable de s’autodétruire. Voilà le dilemme qui nous attend. Pourvu que je me trompe. La nature humaine est étonnamment faite. On finit par en apprendre bien plus de la souffrance que de l’abondance. Je ne recommande pas pour autant de chercher à souffrir ni rien de tel. Ce que j’aimerais faire comprendre aux gens… c’est qu’on peut toujours se relever. Il vaut toujours la peine de repartir à zéro, mille et une fois, aussi longtemps qu’on est en vie…
Les douleurs que j’ai connues, personne ne les réparera, Personne ne les effacera. Il faut apprendre à porter ses cicatrices et aller de l’avant, tourné vers l’avenir. Tant que je me consacre à panser mes blessures, je ne peux pas avancer.
Pour moi, la vie est toujours devant. L’important, c’est demain. On me dit, on me hurle, comme un précepte, qu’il faut se souvenir, pour na pas reproduire le passé.
Je le connais l’humain ! Le seul animal qui trébuche vingt fois sur le même caillou. Une génération apprend de ses expériences, pas de celles des autres. Je n’idéalise pas l’homme. Que pourrait-on tirer des expériences d’autrui ?
On apprend de ce qu’on a soi-même traversé. Enfin, c’est ma vision de la vie. Je n’ai pas de compte à régler. » [José Mujica, 40e président de l’Uruguay, 2010-2015].