Le président de la République a entamé une large concertation en recevant des chefs de partis et des personnalités politiques. Objectif général, renforcer le front interne afin de relever les différents défis de la Nouvelle Algérie. Des réactions positives fusent chez de nombreux acteurs de la classe politique tandis que d’autres attendent peut-être «la main tendue» pour s’exprimer.
La déclaration de l’ancien ministre Abderrahmane Rahabi, qui a été reçu mercredi dernier par le Président de la République, semble résumer avec justesse la démarche d’Abdelmadjid Tebboune : «Le Président Tebboune œuvre à la constitution d’un front interne solide.»
L’approche du président
Or, le ministre Rahabi n’est pas de ces commis laudateurs sans principes ni convictions, on se souvient qu’il avait su démissionner de son poste de ministre de la Communication en 1999, à l’époque de Bouteflika. Au sujet du président Tebboune il a donc étayé son propos : «J’ai écouté l’approche du président de la République concernant certaines questions internes portant principalement sur la nécessité d’asseoir un front interne solide et de promouvoir la culture du dialogue et de la consultation permanents entre le pouvoir exécutif, les partis politiques, les syndicats, la société civile et les personnalités indépendantes (…) Le président de la République entend ouvrir certains chantiers économiques et œuvre à la constitution d’un front interne solide et la cristallisation d’un consensus national autour des politiques internes, étrangères et de défense.» Un autre intervenant a confirmé le sens de cette démarche présidentielle. Il s’agit du secrétaire général de l’Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC), Khelifa Smati, qui a apprécié mais aussi expliqué les objectifs qui semblent motiver ces consultations : «Notre organisation adhère pleinement et entièrement à l’initiative de rassemblement du président de la Républque,Abdelmadjid Tebboune (…) L’initiative de rassemblement est l’occasion de fédérer l’ensemble des forces vives de la nation, une opportunité également pour renforcer la cohésion et l’unité de la nation, afin de constituer un front solide face aux défis qui attendent notre pays.»
Unanimité positive
C’est aussi ce qu’il ressort des réactions de plusieurs responsables politiques qui ont été reçus mercredi et jeudi. Enthousiasme chez le patron du FLN, Abou El Fadhl Baadji, qui a qualifié son audience avec le président de «sincère et constructive» : «Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la tradition de concertation avec la classe politique, parmi les chefs de partis et les personnalités nationales (…) Nous avons beaucoup appris des idées et des données présentées par le président de la République, il y a manifestement une convergence de sa position avec celle du FLN sur l’ensemble des questions nationales.» Le secrétaire général du RND, Tayeb Zitouni, quant à lui, a focalisé sa déclaration sur les conditions nécessaires pour le renforcement du front interne qu’il associe à la relance économique : «Cette démarche permettra de créer un climat propice à un décollage économique et de consolider la cohésion interne (…) nous ne pouvons parler de front interne, de stabilité nationale ou de souveraineté de nos décisions, que lorsque nous disposerons d’une économie et d’institutions fortes, d’où la nécessité de s’unir et de revoir notre approche économique.» De son côté, Abderrazak Makri, le chef du MSP, le Mouvement de la Société pour la Paix, partage l’avis du RND : «Nous avons focalisé sur la nécessité d’aller vers la consécration du développement économique, garant fondamental de la stabilité et de l’avenir du pays, qu’il convient de mettre à l’abri des menaces régionales et internationales.» Enfin, Le président du Front El Moustakbel, Abdelaziz Belaïd s’est non seulement félicité de l’échange qu’il a eu avec le président de la République mais a aussi formulé une sorte d’incitation aux autres acteurs politiques à adhérer à la démarche. «Le Président de la République a une parfaite perception du climat politique prévalant dans le pays (…) il est impératif de réaliser un nouveau départ, à travers un dialogue organisé regroupant tous les acteurs de la classe politique.» Une réflexion judicieuse alors que pour l’instant, les leaders de l’opposition n’ont pas encore été reçus par le président de la République. Pour peu que ces derniers sachent saisir l’opportunité d’associer leurs formations politiques à la démarche présidentielle qui conduira probablement à un nouveau départ et, peut-être, à la composition d’un prochain gouvernement pluriel sur le plan politique.
Nordine Mzala