Son heure est enfin venue ! Deux ans et demi après le départ de la bande à Bouteflika et l’emprisonnement d’une grande partie de celle-ci, Abdelmadjid Sidi Saïd, l’ex-SG de l’UGTA, est depuis jeudi dernier incarcéré à la prison d’El Harrach pour une affaire de corruption…
Sidi Saïd a été présenté jeudi dernier devant le procureur de la République du pôle économique et financier près le tribunal de Sidi M’hamed. Sidi Saïd et ses deux fils, Hanafi et Djamil, ont été arrêtés dans l’après-midi de mercredi par les services de sécurité à leur domicile à Saoula. Après avoir comparu devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed, celui-ci décide de sa mise en détention provisoire à la prison d’El Harrach. Son deuxième fils aurait pris la fuite Pour l’instant rien n’a filtré, ni concernant l’objet de cette arrestation, ni sur l’affaire ou les affaires pour lesquelles il est auditionné par la justice. Il y a quelques mois, il a été empêché de quitter le territoire algérien au moment où il s’apprêtait à rejoindre la France. Sa non-convocation devant la justice en 2019 et 2020, avait fait polémique dans l’opinion nationale, vu que tous les responsables proches de lui et qui étaient de fervents défenseurs des quatre mandats de Bouteflika avaient été inculpés dans des affaires de corruption et de bien mal acquis. Considéré comme un proche du cercle présidentiel, notamment sous Bouteflika qu’il avait soutenu durant ses quatre mandats à la tête de l’Etat algérien, Sidi Saïd a été contraint de quitter l’UGTA en 2019, dans la foulée de la contestation populaire. Pour rappel, son nom a été cité à plusieurs reprises dans le scandale Khalifa en 2003. Il a été l’ordonnateur du placement de la Caisse nationale d’assurances sociales, en sa qualité de président du conseil d’administration, à la Banque privée Khalifa. Les révélations faites par le DG de la Caisse nationale d’assurances sociales (Cnas), Abdelmadjid Bennaceur, à l’époque des faits, au tribunal criminel de Blida lors du procès de Khalifa en 2018 n’ont pas permis de condamner Said Said. Bennaceur a déclaré que le placement de 10 milliards de dinars de la caisse «s’est fait sur la base d’une résolution signée par Abdelmadjid Sidi Saïd, président du conseil d’administration (CA), à l’insu des membres de ce dernier». Lors de l’audition de Sidi Saïd, celui-ci a affirmé que «les avoirs de l’établissement étaient placés au Trésor public avant d’être transférés, en partie, dès 1992, à la BEA, la BNA, la Badr, la Cnep et les CCP». Abdelmadjid Sidi Saïd, convoqué en tant que témoin, a reconnu, devant le tribunal de Blida, avoir rédigé un procès-verbal sanctionnant une réunion fictive du conseil d’administration de la Cnas, Sidi Saïd a déclaré «assumer sa part de responsabilité». En 2019, Le doyen des juges d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed a ouvert les dossiers dans lesquels seraient impliqués Sidi Saïd, des ministres et des hommes d’affaires qui sont actuellement derrière les barreaux à la prison d’El Harrach pour être auditionnés sur de nombreuses affaires. Outre Sidi Saïd, dix membres influents du secrétariat national de l’UGTA ont été aussi présentés par devant ladite instance. Les mis en cause sont poursuivis, pour «détournement de l’argent des œuvres sociales», «trafic d’influence», «dilapidation de l’argent des travailleurs», «pour avoir bénéficié d’indus avantages» et « financement occulte de partis politiques». Sidi Saïd a pris les commandes de l’UGTA en 1994, suite à l’assassinat de l’ancien SG, Abdelhak Benhamouda. Il a été, des années durant, un des puissants soutiens des pouvoirs successifs en Algérie.
Mahmoud Tadjer