Jamais la monarchie n’aura été à ce point en rupture avec les sujets marocains exaspérés par la misère et la politique extérieure du Makhzen. Avant-hier, c’est une coordination de défense du droit de rassemblement pacifique a dénoncé la chappe de plomb qui paralyse la société en raison d’une répression systématique contre un peuple décidément en décalage avec la monarchie. Un peuple engagé dans la résistance.
On l’a constaté à plusieurs reprises, lors des visites de responsables de l’entité sioniste notamment, le Makhzen craint la rébellion du peuple marocain qu’il opprime et qui rejette la politique économique et les choix diplomatiques du régime corrompu.
Harcèlement policier
La coordination qui a osé rendre public avant-hier un communiqué malgré la férocité des services de sécurité marocains regroupe plus de 20 associations qui activent pour la défense des droits de l’homme, piétinés au quotidien dans le royaume. «La coordination suit les évènements survenus lors du sit-in pacifique organisé par le parti +La Voie démocratique+ (Annahj Addimocrati) devant le siège du ministère marocain de l’Intérieur pour protester contre l’obstruction par les autorités de la tenue de son cinquième congrès en le privant d’avoir une salle à cet effet. » Classique empêchement de regroupement des militants marocains qui dénoncent les dérives morales du pouvoir politiques sous l’héritier de Hassen II qui a voulu faire croire, un temps, à plus de libertés. La méthode de harcèlement de l’expression politique est décriée : «la route a été bloquée sur une longue distance par la police du régime du Makhzen pour empêcher les militants d’Annahj Addimocrati et leurs sympathisants d’atteindre le siège du ministère de l’Intérieur. Et d’ajouter que les forces de la police marocaines ont dispersé les manifestants dans différentes rues et ont même agressé physiquement nombre d’entre eux dont Mustapha Brahma, le secrétaire national du parti. »
Des sujets résistants
Or, comme on peut le vérifier, au quotidien, sur les réseaux sociaux, les sujets marocains sont de plus en plus nombreux à protester contre le verrouillage de l’espace public par les autorités marocaines. Des observateurs marocains avertis expliquent que «la paupérisation de la société et la politique antinationale du Makhzen qui a décidé de trahir la cause palestinienne en développant de nouvelles alliances avec Israël» font craindre aux services de sécurité un soulèvement massif qui pourrait éclater à tous moments. C’est pourquoi, l’activité politique est sabotée en permanence pour dissuader l’élite politique de mobiliser les couches populaires déjà en colère. Contre cette vague de répression sans précédent, la Coordination a exprimé sa «pleine solidarité avec tous les militants qui ont été affectés par la machine répressive et avec le parti ‘La Voie démocratique’ afin qu’il puisse tenir son congrès dans le respect du délai légal et dans une salle publique et renouvelle son appel à toutes les forces politiques et civiles du royaume à faire front commun contre ces dangereux reculs dans le domaine des libertés démocratiques. » Recul démocratique alors que M6, le prétendu sympathique jeune monarque a engagé son pays sur une voie dangereuse qui l’implique dans un plan de reconquête néocolonialiste en Afrique. D’ailleurs, le discours des opposants marocains montrent que ces derniers sont conscients des enjeux : «cette répression ne vise pas seulement le parti La Voie démocratique mais aussi toutes les forces militantes au Maroc qui ont choisi de défendre honnêtement les intérêts du peuple marocain». La résistance de la société civile se renforce donc parmi les sujets de sa Majesté qui ne comptent pas rester passifs face aux multiples dérives du Makhzen. Des dérives qui font l’objet de réactions à l’extérieur aussi, notamment au sujet des violences perpétrées au mois de juin dernier par les services de sécurité marocains contre des migrants. «Soixante-quatorze (74) organisations ont adressé une lettre à l’ONU pour dénoncer ‘les violations des droits’, suite à la tragédie ayant conduit à la mort de dizaines de migrants d’origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis la ville de Nador», expliquait l’agence madrilène EuropaPress. A ce rythme, le Royaume risque de connaître une révolution populaire qui lui démontrera que l’époque de la gouvernance par la matraque est bel et bien révolue.
Nordine Mzala