Mais le talent et le génie ne meurent jamais. En restant pour l’éternité gravés dans la mémoire collective gardienne vigilante de l’essentiel…
J’ai rencontré Da Voussad à l’orée des années 80. Mais je le connaissais déjà de réputation. Et pour cause ! Car ne pas le connaitre c’est passer à côté de l’essentiel. Sur le double registre au demeurant : la dimension humaine d’abord et le talent ensuite. Mais je crois que chez lui les deux sont intimement liées. Un homme intègre, gentil, affable, toujours élégant et si naturel. Sa bonne bouille et son visage d’adolescent inachevé s’incrustent d’emblée dans les esprits réceptifs.
Les pionniers de la plume
Sa bonhomie coutumière voisinant un sourire quasi atavique exerçaient une espèce de fascination à nulle autre pareille. Je le considérais réellement comme un grand frère. Parce qu’à lui seul il était déjà une école, une grande école. Celle d’un brillant cursus universitaire dans une des écoles les plus prestigieuses au monde alors-ce qui n’est pas rien- et l’autre non moins importante de la vie. Il les portait toutes deux avec un égal bonheur. Et vraiment pas du genre à frimer. Car la vieille école est ainsi faite qu’elle rassemble toutes les valeurs pérennes.
Une grande école
Autant celles liées à l’éducation qu’à l’instruction. Et je me suis beaucoup instruit en cultivant une certaine culture de proximité avec cet homme amène et professionnel jusqu’au bout des ongles. Comme des centaines de milliers de lecteurs je lisais El Moudjahid de droite à gauche. Hé oui à tout seigneur tout honneur. Et pour un seigneur on est prêt à casser sinon briser tous les dogmes. Faisant peu et ou prou cas des fameuses convenances sociales ou des forces de l’habitude.
La vie en billets
Ses billets étaient redoutables et redoutés. Quelle belle respiration en effet que tous ces écrits aussi courts et rigoureux que tous les lecteurs avertis s’en délectaient chaque jour et des années durant. L’homme avait trouvé son créneau et le créneau souriait à l’homme. Une espèce de tacite convention dont chaque partie s’accommodait. Et y trouvait surtout une délectation et une intense jubilation. Prendre au petit matin son p’tit déj en savourant ses billets rendait encore au café un arome singulier. Croustillants et croquants on les dégustait sans modération. Fondants et dégoulinant de ce fameux miel de montagne. Cette si belle et majestueuse montagne qui l’a vu naitre.
Un ciseleur de mots
Ces chemins qui montent et serpentent par monts t par vaux. Subjuguant le regard dans une chaleureuse et rafraichissante étreinte. En ce terreau de l’héroïsme et des hommes libres. Et Da Voussad enfant de ce terroir matrice de tous les possibles, tous les essentiels sur fond d’essences si saisissantes. Et naitre ici c’est déjà un privilège en soi. Et Da Voussaad, cette figure charismatique et emblématique de la presse nationale et nationaliste s’en est retourné à son creuset. Dieu que ton absence me pèse grand frère ! Fasse donc le ciel que tes maudits bourreaux croupissent à jamais dans les gémonies de l’enfer. Et que ton âme si pure en cette terre noble et bénie.
A. Z.