La militante a été persécutée, victime d’agression sexuelle et d’une tentative d’assassinat. Présidente des droits de l’homme au Sahara occidental, elle a dévoilé toute l’horreur vécue par son peuple face à la colonisation du Maroc. Cette « mise à nu » qui risque d’envenimer encore plus les relations entre Rabat et le Maroc, est une nouvelle gifle pour le Makhzen. C’est à Paris et devant le Parlement français que la militante sahraouie a dénoncé la répression de l’occupant marocain et fait valoir le droit de son peuple à la liberté. Sultan Khaya, c’est d’elle qu’il s’agit, en sa qualité de présidente de la Ligue sahraouie pour la défense des droits de l’homme du Sahara occidental, a été l’invitée d’honneur aux festivités de la Fête de l’Humanité à Paris. La militante a dénoncé, au siège du Parlement français, les crimes de l’occupation marocaine et dévoilé les graves violations qu’elle a subies pour sa défense acharnée des droits du peuple sahraoui. Accompagnée du représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati, Khaya a rencontré, le député Jean-Paul Lecoq à qui elle a dévoilé les violations qu’elle a subies, notamment l’état de siège, la torture et les tentatives d’assassinat. Pour sa part, Jean-Paul Lecoq a condamné la répression et les violations subies par le peuple sahraoui, réitérant sa pleine solidarité avec la militante Sultana Khaya et avec le peuple sahraoui. Si cette participation témoigne de l’engagement des Sahraouis à l’étranger à poursuivre leur lutte ainsi que leur efforts de sensibilisation à la cause sahraouie, pour le Maroc, ce n’est autre qu’une «déloyauté» de la France à leurs relations. Pour preuve, les médias du Makhzen n’ont pas manqué de critiquer l’accueil réservé par le parlement français aux dirigeants sahraouis. En fait, la mise à nu du Maroc devant le parlement français ne fera qu’accentuer le froid qui existe entre les deux pays depuis l’éclatement de l’affaire Pegasus. Pour preuve, après sa réélection, Emmanuel Macron s’est entretenu avec plusieurs dirigeants étrangers, notamment de la Turquie, l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Sénégal, l’Algérie, la Mauritanie et bien d’autres, pour faire le point et relancer les relations. Fait marquant, le roi Mohammed VI du Maroc n’a pas figuré dans la liste. Le locataire de l’Elysée semble n’avoir pas oublié que son téléphone a figuré parmi les cibles des services secrets marocains. Il ne faut pas oublier aussi que la longue visite de trois jours du président français en Algérie a été mal perçue dans le royaume au moment où Rabat et Paris ne parviennent pas à trouver un second souffle à leurs relations. Cette visite a été la première au Maghreb de son second mandat. Elle a été vécue comme une forme d’injustice de la part de l’allié marocain. Plusieurs signes le confirment d’ailleurs dont le dernier discours Mohammed VI, le 20 août. Le roi a exhorté les pays « amis » à clarifier leur position sur le Sahara occidental, visant la France sans la nommer. »Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», avait déclaré le roi dans un discours radio-télévisé à l’occasion de la fête dite de la Révolution du roi et du peuple. « C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit », avait-il ajouté insistant « s’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque ». Même si le roi n’avait pas précisé à quels pays s’adressait plus particulièrement son message, il n y avait aucune difficulté à deviner que la France était sa cible. Mais voilà qu’au lieu d’avoir une réponse du président Macron, ce dernier organise son voyage en Algérie pour un partenariat renouvelé. Le Maroc, habitué à des relations privilégiées, perd du terrain et avec l’accueil par le Parlement français des dirigeants de la République arabe sahraouie, se sont complètement «délaissé». Certes, ce n’est pas la première fois que le parlement français évoque la cause sahraouie. En 2021, un débat à l’Assemblée nationale française sur l’évolution de la situation au Sahara occidental, sous le thème «Bilan des actions de la France pour faire respecter le droit international : le cas du Sahara occidental», avait été une occasion d’écouter la position du gouvernement français à la lumière des questions soulevées et des informations présentées par le représentant du Front Polisario, Oubi Bouchraya Bachir, et ceux qui l’accompagnaient. Mais la présence hier de Sultan Khaya devant le parlement français, a un tout autre impact. La militante a été persécutée, victime d’agression sexuelle et victime d’une tentative d’assassinat. La présidente des droits de l’homme sahraouie a dévoilé toute l’horreur vécue par son peuple face à la colonisation du Maroc. Cette « mise à nu » qui risque d’envenimer encore plus les relations entre Rabat et le Maroc, est une nouvelle gifle pour le Makhzen.
Amine Ghouta