Aujourd’hui est un grand jour pour Aïmene Benabderrahame qui présente la déclaration de politique générale du gouvernement devant l’Assemblée populaire nationale. Un baptême du feu pour le Premier ministre avec en toile de fond des objectifs à atteindre pour que 2022, décrétée année économique, soit consacrée. A la tête du gouvernement depuis le 30 juin 2021, Aïmene Benabderrahmane va se soumettre à la Loi fondamentale qui prévoit clairement que le premier responsable du gouvernement a obligation de présenter annuellement, à l’Assemblée populaire nationale, une déclaration de politique générale. Cet exercice qui ne s’est pas tenu depuis deux ans, s’annonce chaud et passionnant. Les députés qui ont obtenu, une copie de la Déclaration depuis le 21 septembre dernier, date de son dépôt au bureau de l’APN, ont eu un temps suffisant pour la décortiquer et préparer leurs questions. D’ailleurs, plus de 300 questions ont déjà atterri au niveau du secrétariat du président de l’APN, Brahim Boughali. C’est dire que le face à face Aïmene Benabderrahamene-députés est très attendu. Les deux parties ont affûté leurs armes. Le premier ministre, chiffres à l’appui, va exposer toutes les réalisations et les actions menées. Pour leur part, les élus vont exprimer les préoccupations citoyennes et la réalité de leur vécu. Ils vont évoquer l’inflation, le chômage, la hausse vertigineuse des aliments et bien d’autres points qui, malgré les efforts du gouvernement, continuent de peser dans le quotidien des familles algériennes. Aïmene Benabderrahmane aura fort à faire. Il devra défendre ses choix aussi bien politiques qu’économiques visant à mettre en œuvre le programme du président Tebboune. Pour réussir sa mission, le premier-ministre a présenté dans 5 grands chapitres toutes les actions menées. Dans le premier chapitre portant sur « Consolidation de l’Etat de droit et rénovation de la gouvernance », il est fait état du parachèvement du processus d’édification institutionnelle prévu par la Constitution ainsi que la mise en place des institutions de contrôle et des organes consultatifs, à l’instar de la Cour constitutionnelle, la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption ou encore l’Observatoire national de la société civile. Ce chapitre revient aussi sur la modernisation de la justice, la simplification des procédures administratives et l’accélération de la numérisation.
Avancées économiques
Dans le second chapitre de la Déclaration, Aïmene Benabderrahmane a choisi d’énumérer les avancées dans le domaine économique et elles sont nombreuses. Les plus en vue sont la loi sur l’investissement, la modernisation du secteur bancaire, la promotion de l’entreprenariat et la création d’une nouvelle forme juridique pour les startups, le projet de loi portant statut de l’auto-entrepreneur, l’avant-projet de loi pour le partenariat public-privé (PPP) et l’assainissement du foncier industriel. Le méga gisement de fer de Ghar Djebilet ne manquera pas d’être cité et bien d’autres projets et secteurs mais cela n’empêchera pas les élus de s’interroger sur bien d’autres projets phares, toujours en sommeil comme le port d’El Hamdania à Cherchell, la mine de zinc d’Amizour à Béjaïa ou la réalisation de centrales photovoltaïques. Sur le plan social et sous l’intitulé « Pour un développement humain et une politique sociale renforcée », le document du gouvernement que présentera le premier ministre est revenu sur les mesures prises pour améliorer le pouvoir d’achat dont les principales sont la révision de la grille indiciaire des salaires dont l’impact financier annuel s’élève à 300 milliards de DA, le réaménagement du barème de l’impôt sur le revenu global (IRG), l’exemption de la TVA des billets de transport aérien des voyageurs en provenance ou à destination du grand sud, et l’institution de l’allocation chômage pour près de deux millions de jeunes dont l’incidence financière s’élève à 108 milliards de DA. Il y a aussi lieu de citer dans ce chapitre, la politique de soutien des prix des produits alimentaires de large consommation qui a coûté au Trésor 613 milliards de DA en 2022 contre 318 milliards de DA en 2021, soit une hausse de 93%. Aïmene Benabderrahmane va parler des zones d’ombres dont les problèmes ont été résolus à près de 90%.
Efforts pour améliorer plusieurs domaines
Il va aussi mettre en exergue les efforts du gouvernement dans les secteurs du transport, la santé, l’éducation, la sécurité sociale, la retraite et l’accès au logement décent. A ce propos, il fera savoir que pas moins de 500 000 unités ont été distribuées durant la période 2021-2022. S’il est vrai qu’en matière d’acquis sociaux, ces derniers sont multiples, il n’empêche que la situation de crise mondiale aggravée par la pandémie du covid-19, a réduit l’impact des améliorations réalisées et les élus de l’APN ne manqueront pas de le relever. Pour ce qui est de la politique étrangère et du renforcement de la sécurité nationale, constituants les deux derniers chapitre de la Déclaration de politique générale du gouvernement, les efforts du gouvernement ne manqueront sûrement pas d’être applaudis. En effet dans ces deux domaines, l’Algérie a fait des prouesses en retrouvant sa place de pays pivot en Afrique et dans le monde arabe. Le pays a aussi développé sa diplomatie économique pour la mettre au service du plan de relance économique. Sur le plan sécuritaire, face à un contexte régional et international mouvementé, l’Armée nationale populaire continue d’œuvrer à la sécurisation des frontières et à la préservation de l’intégrité territoriale et à développer sa cyber-défense et son industrie militaire. Malgré l’exposé et les chiffres que va exposer Aïmene Benabderrahmane, les élus du peuple auront pour tâche de pointer du doigt les départements ministériels, boiteux, qui n’ont pas été en mesure d’accomplir l’action requise. C’est d’ailleurs la raison du dernier remaniement décidé par le chef de l’Etat. Abdelmadjid Tebboune a injecté du sang neuf, pour donner le coup de rein nécessaire qui doit mener l’action du gouvernement à bon port. La feuille de route tracée par le président de la République doit être honorée et de grands défis doivent être relevés.
Amine Ghouta