L’organisation et ses alliés devraient s’en tenir à leur démarche offensive, et consensuelle, adoptée dans le sillage de la crise sanitaire, pour réguler le marché pétrolier et sauvegarder leurs intérêts, et ce malgré les pressions occidentales, exercées notamment par l’administration américaine sur le chef de file de l’Opep, l’Arabie Saoudite, depuis la crise russo- ukrainienne.
L’Arabie saoudite a déjà envoyé au marché un signal sans équivoque il y a quelques jours en réponse de rumeurs distillées par la presse américaine sur l’éventualité d’une hausse de la production de l’Opep+.
La semaine dernière, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salman, a déclaré que l’OPEP+ était ” prête à intervenir ” avec de nouvelles réductions de l’offre si cela était nécessaire “pour équilibrer l’offre et la demande”.
L’OPEP+ envisagerait ainsi d’appliquer des réductions d’approvisionnement plus importantes alors que les prix du pétrole sont en net recul depuis quelques semaines.
Les analystes d’Eurasia Group, ont suggéré lundi dans une note que l’affaiblissement de la demande en provenance de Chine pourrait inciter l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, à réduire leur production après avoir réduit l’offre en octobre.
«La décision dépendra de la trajectoire du prix du pétrole lorsque l’OPEP+ se réunira et de l’ampleur des perturbations évidentes sur les marchés en raison des sanctions de l’UE», écrit le groupe dans sa note.
Par ailleurs, selon une enquête Bloomberg la majorité des commerçants, et analystes consultés «prédisent de nouvelles restrictions de la part de l’Alliance Opep+» dans le contexte d’un marché pétrolier mondial déprimé notamment par la détérioration de la situation en Chine, des suites des restrictions liées à la crise sanitaire persistante.
Même si les discussions au sein de l’alliance n’ont pas encore officiellement _ les pourparlers n’étant habituellement entamés que lors de la réunion officielle du groupe, des délégués de l’Opep+ auraient d’ores et déjà prédit selon Bloomberg que «des réductions supplémentaires pourraient être une option.»
L’OPEP+ a commencé à abaisser son objectif de production de 2 millions de barils par jour (bpj) en novembre, dans le but de soutenir les prix du pétrole.
Une dizaines de traders et analystes sur les seize interrogés par l’agence de presse américaine cette semaine anticipaient «une nouvelle réduction de l’offre, avec des estimations allant de 250 000 à 2 millions de barils par jour. ».
“L’OPEP choisira probablement entre un renouvellement ou de nouvelles réductions”, a déclaré un, analyste estimant que l’Opep+ « est toujours vigilante sur les équilibres offre-demande”. Cependant la décision finale dépendra de la trajectoire des contrats à terme sur le brut dans les prochains jours soulignent d’autres consultants interrogés.
Le pétrole en nette hausse
Dans ce contexte, les courbes à terme du Brent et du West Texas Intermediate – les deux références internationales –ont largement augmenté , alors que les signes de la volonté du groupe d’agir soutiennent les contrats à terme.
Le Brent a ainsi fortement rebondi – après avoir enregistré lundi son plus bas niveau depuis janvier 2022-se hissant au dessus des 86 dollars le baril mardi, porté par l’attente d’un ajustement des plans de production lors de la prochaine réunion de l’alliance Opep+ ainsi que par l’espoir que la Chine opère un assouplissement de ses contrôles sanitaires, après quelques manifestations contre la stratégie zéro COVID du pays, dans les grandes villes chinoises.
Les marchés évaluent également l’impact d’un probable plafonnement des prix occidentaux sur le pétrole russe. Les contrats à terme sur le brut américain West Texas Intermediate (WTI) ont également augmenté pour dépasser les78 dollars le baril. Le brut américain annule ainsi des pertes importantes, liées à des baisses jamais égalées depuis décembre 2021.
Meriem A.