Le Front des forces socialistes (FFS) ouvre aujourd’hui, à Zéralda (Alger), les travaux de son sixième congrès national ordinaire. Un rendez-vous qui constitue, pour la direction, «un moment de rassemblement» de tous les enfants du parti pour tourner définitivement la page des querelles internes et de la crise ouverte en 2017 et qui menacé, ces dernières années, l’existence même du parti. Pour ce congrès, plus de 1000 congressistes sont attendus pour décider de plusieurs questions relatives à l’avenir du FFS, dont la lancinante question de maintien ou de suppression de l’Instance présidentielle (Présidium). Un organe qui a été à l’origine de l’organisation de deux congrès extraordinaires en 2018 puis en 2020, pour revenir à la légitimité. Pour les participants, c’est l’enjeu même de ce congrès.
Toutefois, en dehors des murs de la Mutuelle des travailleurs de la construction de Zéralda où se tiendra le 6e congrès du FFS, il y a un autre son de cloche. Les frondeurs ou les opposants à l’actuelle direction du parti ont bien choisi le moment pour se faire entendre. Hier, à la veille du rendez-vous, une déclaration signée par plus d’une centaine d’anciens cadres, des militants de 36, des ex-membres du Conseil national ou encore des responsables fédéraux, a été rendue publique. À travers leur texte, les signataires se démarquent du congrès dit «de la honte» et appellent à son «boycott» par les militants. «Nous militants du FFS, anciens militants de 63, membres fondateurs, membres du Conseil national, anciens responsables et cadres du parti, nous dénonçons les manœuvres grossières et les manipulations scandaleuses utilisées par un groupe illégitime pour organiser un congrès en violation de l’éthique dont se sont toujours revendiqués le FFS et ses militants», lit-on dans le document dont nous détenons une copie. Cette fois-ci, la fronde a rassemblé un grand nombre de militants, voire même d’anciens cadres, puisque parmi les signataires figurent Ali Laskri, ancien membre de l’IP et ex-député, Nabila Smail, ex-membre du CN et ancienne élue à l’APW de Tizi-Ouzou, Mohamed Lahlou, un ancien fondateurs et un ancien de 63, et Hafidh Yahou, ancien premier secrétaire national du FFS, ainsi que des militants de plusieurs sections des wilayas de Béjaia, Bouira, Tizi-Ouzou et autres. En tout cas, pour le caractère «consensuel» réclamé par la déclaration, les initiateurs ont ratissé large. Reste à savoir quel poids pèsent-ils vraiment à l’intérieur du parti, pour pouvoir influer sur le déroulement du congrès ?
A travers cette sortie, les signataires dénient toute légitimité à ce qu’ils considèrent comme un congrès «fantoche», pointant du doigt des magouilles lors de l’élection des congressistes. «Membres de la base militante du FFS, nous contestons les méthodes frauduleuses utilisées pour désigner arbitrairement et en dehors des sections communales légitimes, des pseudos congressistes qui ne sont pas investis démocratiquement par la base militante lors de réunions statutaires», écrivent-ils. Eux qui se disent «soucieux de sauvegarder» le parti, ils exigent l’organisation d’un vrai congrès rassembleur et appellent les militants «à boycotter la tenue d’un congrès destiné à sacrifier l’héritage du FFS».
Enfin, même si leur appel ne sera pas entendu et combien même la direction puisse réussir ce congrès, la sortie de cette opposition interne prouve que le FFS n’est pas totalement sorti du cercle infernal de la crise. L’après-congrès s’annonce d’ores et déjà dans l’instabilité permanente.
Raouf H.