Tandis que le ministre de l’Intérieur français était reçu hier par son homologue Brahim Merad à Alger, les Présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron s’entretenaient au téléphone. Un appel qui suscite des interrogations mais révèle en même temps une volonté commune chez les deux chefs d’État de ne plus rien laisser au hasard.
L’incontournable Algérie
«Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu aujourd’hui un appel téléphonique du Président de la République française, M. Emmanuel Macron, lors duquel ils ont évoqué les relations bilatérales et les perspectives de coopération entre les deux pays». Par ailleurs, la France connaît depuis deux ans une sorte de faillite diplomatique au Sahel, où la présence de ses troupes armées suscite la colère populaire dans plusieurs pays en plus d’une crise sérieuse avec les autorités maliennes de transition qui a mené le Mali à quitter le G5 – Sahel. Pour rappel, ce n’est pas la première fois que le Président français appuie la visite en Algérie de ministres de son gouvernement en appelant le Président Abdelmadjid Tebboune. En octobre dernier, alors qu’une délégation comprenant une bonne partie de l’Exécutif conduite par la Première ministre Elisabeth Borne alors que le communiqué de l’Elysée, la présidence française, rapportait : «Les deux Présidents ont réaffirmé leur souhait que ce partenariat renouvelé et ambitieux se concrétise par le renforcement des échanges et de nouvelles coopérations en matière d’apaisement des mémoires, de mobilités, ainsi que dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de la recherche et de l’innovation (…) Ils ont également abordé les enjeux internationaux, notamment la situation au Sahel». Cela semble donc devenir une tradition, les échanges entre la France et l’Algérie se déroulent sous la vigilance du duo présidentiel qui supervise et oriente les pourparlers en prenant garde de ne plus perdre de temps à cause de maladresses ou de faux gestes.
Tact et respect
Et c’est probablement pour éviter tout malentendu que le Président français a souhaité s’entretenir personnellement avec son homologue algérien qu’il sait très sensible et exigeant quant à la forme et au fond, dans le traitement des questions d’intérêt national. Si la dépêche de l’APS n’a pas précisé quels thèmes ont été abordés par Tebboube et Macron, la présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin à Alger, laisse supposer que le Président français a voulu soutenir la mission de son émissaire en apportant une caution supplémentaire par rapport à des engagements nouveaux. Des observateurs avertis ont confié à Crésus que «Macron aurait demandé un délai supplémentaire par rapport à des dossiers sensibles ayant trait à la sécurité et à la mémoire». Promesse d’une évolution positive dans le sens des attentes d’Alger ou formule diplomatique pour gagner du temps, la partie française ne devrait pas décevoir l’Algérie après la longue période de froid qui a marqué le début de la mandature du Président Abdelmadjid Tebboune, suite à des propos déplacés d’Emmanuel Macron, entre l’offense et l’ingérence. Depuis, il y a eu des excuses et un travail de rapprochement responsable au bénéfice des deux peuples, sur la base du respect mutuel. Aujourd’hui, les deux pays s’attachent donc à entretenir des relations plus claires dans un esprit gagnant-gagnant. Alger ayant démontré qu’il ne saurait y avoir de «business» sur fond de provocations ou dans un contexte d’intimité…
Nordine Mzala