La demande d’adhésion aux BRICS, l’organisation réussie du sommet de la Ligue arabe, le retour en force de la diplomatie de l’Algérie, ainsi que sa position par rapport à la crise russo-ukrainienne, ne laissent pas indifférents les Américains. En témoigne le dernier rapport de l’Institut américain pour la paix (USIP), relevant du département d’Etat qui relève que «l’Algérie s’affirme de plus en plus au sein de l’Union africaine et de la Ligue arabe, intensifie ses efforts de lobbying dans les capitales étrangères et approfondit ses liens avec Pékin». Néanmoins, le même rapport s’interroge «si l’Algérie est prête à assumer la responsabilité qu’il ambitionne de jouer ?». D’autant plus souligne le rapport que l’Algérie, plus grand exportateur de gaz naturel en Afrique, fournit 11% du gaz consommé en Europe, notamment en Italie ou «les exportations du gaz naturel algérien vers ce pays ont augmenté d’environ 20% en 2022». L’analyse souligne que «cette nouvelle présence solide de l’Algérie dans la région et son influence sur les marchés européens de l’énergie s’accompagneront de nouvelles attentes. Alors qu’auparavant, l’Algérie était considérée comme un acteur marginal dans la résolution des conflits régionaux, on attend désormais d’elle qu’elle joue un rôle constructif et central en Libye et au Sahara occidental tout en s’interrogeant si l’Algérie va user de cette «influence croissante en Europe» pour faire pression sur «les Marocains afin qu’ils obtiennent des concessions sur le Sahara Occidental». Sic ! «Les Algériens, vont-ils demander à Washington de revenir sur la proclamation de 2020 sur le Sahara Occidental ? Demander l’accès à des systèmes d’armes avancés ? Où demander une approbation des efforts algériens en Libye ?» s’interroge, encore, le rapport. Se plaçant en donneur de leçons, le rapport souligne qu’une telle «éventualité» est assujettie à une «plus grandes transparence de l’Algérie sur ses intérêts au Sahara Occidental» et de «fournir des propositions concrètes qui font avancer les négociations plutôt que sa stratégie obstructionniste actuelle». Une manière de prendre cause et faits au profit du Makhzen. Mettant en avant «la participation accrue de l’Algérie aux missions de maintien de la paix de l’UA» le rapport avance qu’une telle activité cache le désir de l’Algérie de «contrebalancer l’influence croissante perçue du Maroc au sein de l’organisation» panafricaine. Abordant la position algérienne vis-à-vis du rapprochement marocain avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham, l’analyse estime que «du point de vue d’Alger, une coopération sécuritaire accrue entre le Maroc et Israël donnerait à Rabat un avantage militaire qualitatif vis-à-vis de l’Algérie (ce dont le Maroc bénéficie probablement déjà)» qui ne souffre mot sur le scandale de corruption connu sous le nom de «maroccogate». Poussant le délire, le rapport soutient que la normalisation du Maroc avec l’entité sioniste «pourrait ouvrir la porte à d’autres membres de l’UA pour qu’ils emboîtent le pas, isolant davantage l’Algérie au sein de l’organisation». Or, suite aux pressions exercées notamment par l’Algérie et l’Afrique du Sud, le statut d’observateur au sein de l’Organisation panafricaine a été refusé à l’entité sioniste. Abordant les relations algéro-américaines, le rapport rappelle qu’ «en mars 2022, le secrétaire d’Etat Antony Blinken et la secrétaire d’Etat adjointe, Wendy Sherman, se sont rendus à Alger, séparément, et ont rencontré le Président Tebboune. Les deux réunions se sont terminées sans annonces ou engagements significatifs, signalant peut-être que Tebboune n’a pas acquiescé à ce que Blinken et Sherman ont demandé. Le contenu de ces discussions n’a été rendu public par aucun des deux gouvernements, mais Tebboune a pu, une fois de plus, affirmer l’autonomie de l’Algérie, peut-être enhardi par la récente promesse de soutien qu’il a reçue de Pékin». Une supputation confirmant l’intransigeance de l‘Algérie sur ses décisions souveraines. Et de s’interroger sur «ce que cela pourrait signifier pour la relation bilatérale entre Washington et Alger ?» Trop de questions restées sans réponse.
Badis B.