Il aura fallu plus d’une vingtaine de jours pour que le président français réagisse officiellement à la nouvelle crise qui a éclaté entre Alger et Paris. Une réaction qui intervient, quelques jours seulement, après l’interview que le Président Tebboune a accordé aux médias locaux où il n’avait pas manqué, sans citer la France, de lancer quelques piques à l’adresse de celle-ci, affichant ainsi son mécontentement sur l’incident qui a été à l’origine du rappel pour consultations de l’ambassadeur d’Algérie en France, le 8 février dernier. Sereinement et tendant une main envers son «ami Tebboune», Emmanuel Macron a affirmé, lundi, à l’occasion d’un discours consacré à la politique africaine de la France, qu’il continuerait à «avancer» pour renforcer la relation de la France avec l’Algérie, au-delà des «polémiques». «On va avancer, la période n’est pas la meilleure mais ça ne m’arrêtera pas», a-t-il dit ajoutant «je sais pouvoir compter sur l’amitié et l’engagement du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Nous avancerons». Pour Macron «il y a eu une polémique sur le retour en France d’une Franco-Algérienne depuis la Tunisie, avec aussi beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours qui s’est construit». La responsabilité incombe à des lobby. «Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que ce qu’on fait depuis des années maintenant avec l’Algérie n’aboutisse pas» a souligné le président français sans aller plus loin. «Et bien j’ai un message très simple: je vais continuer, ce n’est pas le premier coup de grisou, j’en ai déjà eu mais il faut continuer ainsi, humblement, honnêtement», a-t-il encore dit en pointant notamment l’«énorme travail sur la mémoire» effectué avec l’Algérie ou la visite du chef d’état-major algérien, Saïd Chengriha, en janvier en France. Et la question qui s’impose : qui sont ces gens-là qui ont intérêt à saper les relations algéro-françaises ? Quel est leur pouvoir de nuisance ? A quels niveaux de responsabilités se situent-ils ? Comment est-ce que deux états souverains et forts n’arrivent-ils pas à mettre un terme à ceux qui tentent de parasiter les relations entre les deux pays ? Une situation qui intrigue surtout si on rappelle que le chef de l’Etat a déjà évoqué et à plusieurs reprises ces tentatives de saborder les relations entre les deux Etats. En mars 2021 et lors d’une entrevue avec des responsables de médias nationaux, le président avait mis en avant sa relation «cordiale» avec le Président français, «qui a permis d’atténuer une certaine crispation dans les positions». Il avait fait état, dans ce sens, de puissants lobbies en France, notamment «un, impliquant des voisins et qui s’emploie à parasiter les relations entre les deux pays et un autre représentant ceux qui ont perdu leur paradis (l’Algérie) et qui leur reste en travers de la gorge», avait-il déclaré. Il avait même assuré que le Président français «est au courant du puissant lobby qui cherche à saper les relations entre les deux pays». Quelques mois après, Abdelmadjid Tebboune avait évoqué trois lobbys en France : le lobby de ceux qui sont partis d’Algérie après l’indépendance. Leurs descendants entretiennent l’esprit de la haine des Algériens. Un autre lobby qui est celui des Algériens qui ont choisi de soutenir la France (allusion aux harkis) et le dernier est celui de l’ancienne OAS (Organisation armée secrète) qui active toujours en France. Emmanuel Macron, lui, n’a donné aucune indication sur ces «gens» qui cherchent à arrêter le train en marche des relations algéro-françaises, lancé par les deux présidents. Mais si les deux chefs d’Etat connaissent leurs ennemis pourquoi ne pas les nommer, les dévoiler au grand jour ou simplement les contrer ? Cela laisse penser que ces derniers sont très puissants et que leur pouvoir de nuisance est large. Si c’est le cas, les relations entre l’Algérie et la France continueront d’évoluer en dents de scie. Et ce «coup de grisou» qui n’est pas le premier, comme l’a si bien dit Macron, ne sera pas le dernier, aussi. En fait, pour Alger, il ne s’agit pas d’un simple coup de grisou, il faut le relever. Il s’agit plutôt d’un faux pas de la France qui a amené l’Algérie à protester fermement avant de rappeler l’Ambassadeur d’Algérie en France. Un faux-pas qui a brutalement freiné la volonté d’apaisement exprimée récemment par les deux présidents puisque à Alger, l’incident de l’exfiltration d’une ressortissante algérienne reflète le double langage des dirigeants français et à haut niveau. S’il s’agit d’un parasitage, il visait sûrement la visite d’Etat annoncée pour mai prochain, du président de la République Abdelmadjid Tebboune, en France. Et ce parasitage a provoqué beaucoup de dégâts…Après l’appel du pied du président Macron, il faudra maintenant attendre la réaction d’Alger pour connaitre si réellement cette crise sera surmontée, comme les précédentes ?
Amine. Ghouta.