Et pour le citoyen et pour l’ensemble des secteurs vitaux du pays. La bureaucratie a la peau dure. La lutte par ce fléau qui gangrène l’ensemble des administrations passe inévitablement par la numérisation maintes fois exigée par le président de la République.
C’est un secret de polichinelle. La bureaucratie et son corollaire, la corruption, rongent quasiment tous les secteurs d’activité. En dépit de certaines avancées qu’il faut tout de même noter et dont on ne peut que se réjouir en matière de numérisation de certaines administrations (Justice, Intérieur…), ce phénomène qui s’est incrusté dans les mentalités continue de nuire considérablement aux intérêts des citoyens et au bon fonctionnement de l’activité économique ou de la conduite de certains projets. Les exemples ne manquent pas. A commencer par les services d’état civil des collectivités locales où, pour faire sortir un simple document, le citoyen est appelé à faire un parcours de combattant. Et pourtant, faire obtenir un extrait d’acte de naissance est aujourd’hui très simple la procédure étant «numérisée». Mais il subsiste, comme on le constate, à travers un cas qui nous a été rapporté concernant les péripéties auxquelles un citoyen en a été victime, des entêtements difficiles à éradiquer. Bien d’autres cas du genre sont quotidiennement constatés. Des agents «véreux» usent de leur «pouvoir» pour arnaquer le citoyen ou versent dans la corruption lorsqu’il s’agit notamment de «marchés » et autres dossiers qui «rapportent». Dans la quasi-majorité des administrations, en plus des aléas «imprévisibles» auxquels le citoyen fait face, l’accueil laisse souvent à désirer. A telle enseigne qu’on évoque dans le cadre de la réforme de cette dernière, «la moralisation de la vie publique et le travail administratif, à travers l’humanisation de la relation avec le citoyen». Comme un «mutant» se fléau résiste. Plusieurs réformes de textes de loi n’ont pas, pour l’heure, pu l’endiguer complètement. Dans le secteur économique aussi, la bureaucratie est largement ancrée. Le président de la République évoquait en 2020 déjà, l’urgente nécessité d’accélérer la numérisation de tous les secteurs économiques et financiers pour éliminer «l’opacité qui y est sciemment entretenue» et la consécration de la transparence en vue de relancer l’économie nationale, fustigeant au passage «la non-numérisation, à ce jour, de ces secteurs sensibles, notamment le secteur fiscal et les services des Domaines de l’Etat» qui «continuent à fonctionner avec des moyens et méthodes désuets et dépassés». Il n’a pas manqué également de rappeler tout récemment lors de sa dernière entrevue avec les représentants de la presse que la numérisation constituait un des mécanismes nécessaires pour lutter contre la corruption et la bureaucratie, d’autant que «les mécanismes de lutte contre la corruption sont connus de tous». Promettant que la numérisation deviendra «une réalité, par la volonté ou par la force des choses», le chef de l’Etat a relevé que son absence (la numérisation) est «un acte délibéré» susceptible de conduire à la bureaucratie et à des pratiques de corruption. Le ministre de la Numérisation et des Statistiques, Hocine Cherhabil a annoncé, avant-hier que l’opération de recensement des services publics avait permis de dénombrer plus de 450 services publics numérisés, dont 338 intégrés de façon définitive au Portail gouvernemental des services publics qui «se veut le premier jalon» du mécanisme de «concertation et de suivi», nécessaire à la réalisation de la transition numérique en Algérie. Cette transition qui semble être en marche, du moins au plan gouvernemental, suffira-t-elle pour mettre un terme à la bureaucratie? Pour beaucoup d’observateurs, s’il est vrai que la numérisation sera d’un apport certain dans cette volonté de lutter contre un phénomène quasi-endémique, il va de soit que la rigueur des lois et leur application stricte est également une arme de dissuasion massive.
A. I.