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La nappe albienne : Une bombe à retardement ? La sécheresse qui sévit sur l'Afrique du Nord incite à envisager l’exploitation de ce réservoir d'eau souterraine au vu de la menace pesant sur les sources traditionnelles d'eau potable et d'irrigation de la région.
La zone tampon entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye comprend d’importantes réserves d’eau souterraine qui pourraient être le seul recours de ces pays pour faire face à une future grave crise de l’eau. Aussi, est-elle considérée par certains comme une «bombe à retardement». En effet, la nappe albienne, s’étendant entre la Libye, la Tunisie et majoritairement l’Algérie, fait l’objet de convoitise. La crise entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan pour le partage des eaux du Nil est déjà palpable… La sécheresse qui sévit sur l’Afrique du Nord en général incite à envisager l’exploitation de ce réservoir d’eau souterraine au vu de la menace pesant sur les sources traditionnelles d’eau potable et d’irrigation de la région. La baisse des précipitations a entraîné une diminution remarquable des niveaux de stockage des barrages d’eau. Ce qui a affecté les produits agricoles. Une menace pour toute vie. Dans un discours qu’il a prononcé lors du Sommet des Nations Unies sur la gestion des ressources en eau, le vice-président libyen, Moussa Al-Koni, a appelé à la mise en place d’une commission paritaire pour l’exploitation des eaux souterraines partagées avec l’Algérie et la Tunisie, à l’instar du bassin de Ghadamès situé à cheval sur l’est de l’Algérie, le sud tunisien et le nord-ouest libyen, et identifié comme un important bassin de gaz de schiste. Dans sa proposition, Moussa Al-Koni préconise une réflexion avec l’Algérie et la Tunisie sur les modalités d’exploitation commune à même de réduire le coût de l’extraction de l’eau. Pour étayer ses propos, il citera la Co exploitation d’autres lacs libyens à l’instar du lac de l’oasis Koufra. Dans sa plaidoirie, le vice-président libyen a mis en avant ses craintes devant une résurgence de conflit dans la région en raison de la pénurie d’eau et ses conséquences les moyens de subsistance des populations et le développement de la Libye, situé géographiquement au cœur du désert du Sahara. Exprimant ses craintes quant à de futures guerres pour les ressources en eau, il a souligné que «la pénurie d’eau est un problème, mais le manque d’eau dont nous souffrons dans les régions désertiques de la Libye, de l’Algérie, du sud de la Tunisie, de la Mauritanie, du nord du Mali, du Niger et du Tchad est une tragédie quotidienne, car les gens meurent de soif à cause du manque d’eau potable». Pour rappel, l’idée d’exploiter les eaux de la nappe albienne a été discutée lors des travaux de la 13e session de la Grande Commission mixte algéro-libyenne tenue en février 2010. Et pour cause, le système aquifère du Sahara septentrional, partagé entre l’Algérie, la Libye et la Tunisie, renferme des réserves en eau considérables, environs 40.000 milliards de m3. Selon les spécialistes, les eaux de la nappe se trouvent à des profondeurs allant parfois jusqu’à 2000 mètres. Onéreux en termes de forage. D’autant qu’il faudra un équipement spécifique pour refroidir l’eau extraite qui jaillit à des températures avoisinant les 60 degrés. De leurs côtés, les Tunisiens estiment qu’il est impératif de redynamiser «l’Observatoire de l’Eau», mis en place dans les années 90, mais beaucoup moins actif ces dernières années, pour la gestion de cette importante nappe dénommée «Système Aquifère du Sahara Septentrional ou SASS». L’accord stipulait la mise en place d’une gestion équitable et raisonnable de cette nappe. Néanmoins, il n’en demeure pas moins que les Libyens ont des vues sur le bassin de Ghadamès, dont les parts d’exploitation pourraient se transformer en sources de litiges et conflits entre les trois pays. Or, un conflit hydrique en ce moment et dans cette région est loin d’être le bienvenu.
Badis B.