Et les mauvaises nouvelles ne sont probablement pas terminées, puisqu’une autre affaire judiciaire, celle sur les salaires différés, est en cours. L’UEFA, elle, reste attentive. Résumé de la situation. Pour rappel, elle a écopé, lundi, de dix points de pénalité par la cour d’appel de la Fédération italienne (FIGC) dans l’affaire dite des plus-values. Il lui est reproché, en résumé, d’avoir artificiellement réduit ses pertes en réalisant des plus-values jugées surévaluées lors de la vente de certains joueurs entre 2018 et 2021. Peu après l’annonce de la nouvelle, la Juve a «pris acte » avec “amertume” de cette nouvelle sanction et annoncé qu’elle «évaluerait un éventuel (nouveau) recours devant le Collège de garantie» après lecture des motivations du jugement. Ses avocats tablaient initialement sur un acquittement total puis, en second recours, à une pénalité de cinq points qui, selon eux, aurait fait subir un dégât économique au club en raison de la perte de plusieurs places au classement, et donc des primes liées au positionnement. La Juve avait calculé un manque à gagner de cinq millions d’euros par point perdu.
Initialement condamnée à quinze points en janvier dernier, la Vieille Dame avait vu le Collège de garantie du Comité olympique italien (Coni), soit le plus haut degré de la justice sportive en Italie, suspendre cette sanction en avril en demandant qu’elle soit réévaluée. L’instance, saisie par le club piémontais, avait également confirmé une «altération volontaire et répétée des écritures comptables» de la part de la Juve, mais avait souhaité que soient clarifiées les responsabilités de certains dirigeants turinois.
Tous les dirigeants condamnés ?
Certains oui, mais pas tous. Alors que le procureur avait réclamé une suspension de huit mois pour Pavel Nedved, ancien vice-président et membre du conseil d’administration de la Juve, la cour d’appel de la Fédération italienne a décidé de l’acquitter, tout comme six autres dirigeants et conseillers du conseil d’administration. Il s’agit de Paolo Garimberti, Assia Grazioli Venier, Caitlin Mary Hugues, Daniele Marilungo, Francesco Roncaglio et Enrico Vellano. La suspension des autres principaux dirigeants et ex-dirigeants avait été confirmée en avril : deux ans et demi de suspension pour l’ex-directeur sportif Fabio Paratici, aujourd’hui à Tottenham ; deux ans pour l’ex-président Andrea Agnelli et l’ancien administrateur délégué Maurizio Arrivabene, ou seize mois à l’actuel directeur sportif, Federico Cherubini.
En plus de cette pénalité, la Juve risque une autre sanction dans une procédure distincte, concernant une irrégularité comptable présumée : avoir différé le paiement des salaires de ses joueurs pendant la pandémie de Covid-19 pour réduire ses pertes, sans en référer aux instances sportives. Elle est accusée d’avoir annoncé le non-paiement de quatre mois de salaires, au printemps 2020, mais d’avoir en fait convenu avec ses joueurs, via des accords privés, d’en payer trois sur l’exercice comptable ultérieur. Elle aurait répété ces “manœuvres salariales” lors de la saison suivante.
Les procédures de la justice sportive s’appuient sur l’enquête judiciaire lancée il y a deux ans par le parquet de Turin. Ce dernier a requis en décembre le renvoi en procès du club et de douze dirigeants et ex-dirigeants, dont Andrea Agnelli, pour différentes malversations financières présumées. L’audience devant le Tribunal fédéral a été fixée au jeudi 15 juin. Selon les médias italiens, la Juve pourrait négocier un accord dans cette affaire d’ici à cette date.
Dans le cas contraire, le procès se poursuivrait et un risque d’une nouvelle pénalité de points serait possible. Pourquoi ? «Car cette affaire concerne toujours le fameux ‘manque de loyauté’ de l’article 4, qui prévoit une pénalité de points dans ses sanctions, écrivait La Gazzetta dello Sport mardi. La Juve risque de les escompter en totalité ou en partie pour cette saison (…) Le but est que cette pénalité soit afflictive, c’est-à-dire faite pour que le club ne se qualifie pas en Europe. Par exemple, elle pourrait être en partie appliquée à cette saison pour l’exclure des places européennes, puis une autre partie pour la saison prochaine.»
L’UEFA va-t-elle sanctionner le club ?
Outre ces procédures en Italie, la Juve est en effet visée par une enquête de l’UEFA sur de possibles «violations financières présumées». Le club est sous étroite surveillance de l’instance européenne avec qui elle a conclu l’été dernier un plan de redressement sur trois ans pour respecter le fair-play financier. Dans ce «settlement agreement», il avait été décidé que la Juve règlerait une amende de 3,5 millions d’euros (au lieu de 19,5 millions) en échange d’une situation financière à stabiliser lors du prochain triennat. «Le problème est que le bilan économique correct n’aurait certainement pas permis cet échappatoire», précise la Gazzetta. La question de la Super Ligue est également dans la balance.
En cas d’exclusion des coupes européennes, la Juve se verrait donc pénaliser dès la saison prochaine en cas de qualification à l’issue de celle en cours. Mais attention, détail important : si le club piémontais ne parvenait pas à décrocher une place qualificative lors des deux prochaines journées de championnat, cette pénalité resterait en vigueur pour l’exercice suivant. La décision de l’UEFA concernant le sort de la Juve est attendue pour juin prochain, affirme La Gazzetta dello Sport.