Le procureur demande aux juges de le condamner. Il risque la perpétuité. À en croire le procureur, c’est l’accusé lui-même qui aura, bien involontairement, fourni les preuves de ses propres crimes. Tombouctou occupée était une ville où tout était haram, avait dit l’un des témoins venus à la barre de la Cour. La danse, la musique, le tabac, le football sont interdits sous l’occupation terroriste. Abdoulaziz Al Hassan est un commissaire zélé, selon l’accusation. Dans son réquisitoire, le procureur, Gilles Dutertre est entré dans le détail d’un dossier très étoffé, évoquant des preuves abondantes et selon lui suffisantes pour condamner l’accusé. Parmi ses preuves, il y a les témoignages de l’horreur. Il y a aussi les 39 rapports de police écrits et signés par l’accusé lui-même. Al Hassan y évoque l’utilisation de la torture. Dans le dossier du procureur, il y a encore des vidéos sur lesquelles le terroriste apparaît clairement infligeant des coups de fouet à un jeune homme, ou refusant la clémence qu’implore une femme à terre. Le procureur n’a pas montré les images d’une mise à mort, qu’il a néanmoins racontée aux trois juges. Coiffé d’un turban blanc, assis derrière son équipe d’avocats, Al Hassan n’a pas commenté. La parole est désormais aux victimes, représentées devant la Cour par des avocats. Ce sera ensuite à la défense de prononcer ses plaidoiries.