Le président du Mouvement El Bina, avait, lors du deuxième congrès national de son parti, organisé le 6 mai au Centre international des conférences (CIC), lancé l’initiative sans pour autant prétendre la diriger. «L’édification de l’Algérie nouvelle à laquelle aspirent tous les citoyens loyaux requiert la conjugaison des efforts de tous les acteurs du pays, pouvoir et opposition, partis, institutions et personnalités nationales, pour former ensemble un front national uni dans le cadre de l’action collective», avait lancé le chef d’El Bina qui venait d’être plébiscité pour un second mandat à la tête de son parti. Pour son initiative, «le nom importe peu», avait-il ajouté, tant que l’essentiel était «de se réunir toutes et tous autour d’un seul objectif : la défense de l’Algérie». Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que des partis expriment leurs «adhésions» à l’initiative et se disent disposés à travailler pour la concrétisation du projet dans les plus brefs délais. Cités par des médias en ligne, des représentants de formations politiques à l’instar du FLN, du RND, d’El Moustakbal ou encore de TAJ, ont confirmé l’existence de contacts dans cette optique. C’est le cas de Rachid Assas qui a déclaré que «le FLN est l’un des soutiens de cette initiative au même titre que d’autres qui plaident la même cause». Ce que le parti avait d’ailleurs rappelé lors de la dernière réunion du Bureau politique. Pour sa part, le porte-parole du RND, Safi Larabi, a indiqué que le parti avait reçu une invitation officielle du Mouvement El Bina pour participer à cette initiative. «Notre parti a été créé pour la défense des institutions et de l’unité nationale. Partant de ce fait, nous tendons la main à tous ceux qui sont mobilisés pour la défense de la nation contre les dangers extérieurs», a déclaré Larabi.
Vers une réunion «élargie»
La même invitation a atterri sur le bureau de Lamine Osmani, président du Parti de la voix du peuple (Sawt Echaab) pour «une adhésion» à l’initiative de Bengrina. «La stabilité dont jouit actuellement l’Algérie est le résultat de la voie constitutionnelle choisie, et nous réitérons notre appel à une adhésion massive à la construction d’un front interne solide pour faire face aux défis», a déclaré Amar Redjah, ancien parlementaire du parti. L’initiative d’El Bina n’est pas restée au stade de l’annonce, puisqu’une première rencontre portant sur sa mise en œuvre a déjà «eu lieu» comme le confirme Hadj Belghouti, cadre dirigeant du Front El Moustakbal. Le parti d’Abdelaziz Belaid «a participé avec toute une délégation à la première rencontre de coordination autour de l’initiative» et se dit d’ailleurs «ouvert» à toutes les démarches visant à renforcer le dialogue et la concertation entre les acteurs politiques. Au cours de cette rencontre, «les grands axes de l’initiative ont été exposés, dont le renforcement du front interne, outre les questions liées à la situation sociale», a révélé le même responsable. L’appel de Bengrina a enfin été «débattu au sein du Bureau politique du parti TAJ», selon sa présidente Fatma Zohra Zerouati. L’ancienne ministre a affirmé que son parti allait «faire des propositions pratiques dans ce sens». Même les partis n’ayant pas été contactés, à l’image du MSP ou du FFS par exemple, ont déjà exprimé le besoin de la scène politique à une telle initiative. Lors de la dernière réunion de son Secrétariat national, le FFS avait exprimé «l’urgence d’un rassemblement des forces patriotiques autour d’un projet historique qui s’enracine dans les valeurs et principes de novembre 1954 et de la plateforme de la Soummam 1956». Tandis que le MSP a appelé lors de la première session de son Conseil consultatif, tenue après le 8e congrès, à «ouvrir les canaux pour un large débat durant lequel seront traitées les priorités de cette étape, qui répondent aux questions des citoyens, relance l’espoir du changement et renforce le front interne afin d’ouvrir les horizons à un partenariat politique et au consensus national». C’est dire qu’il ne reste plus que les chefs des partis fassent le pas vers une réunion élargie qui rassemble les formations politiques, malgré leurs divergences, autour de la défense de l’Algérie et de sa souveraineté dans un environnement régional et mondial des plus instables.
Raouf H.