Confrontée à une difficulté d’intégration des étrangers en contradiction avec ses besoins d’immigrés sur le marché du travail, la classe politique française bute contre sa xénophobie associée au nécessaire pillage des compétences étrangères dont elle ne peut se passer. De l’extrême droite qui prétend pouvoir assurer l’immigration zéro à la gauche qui veut régulariser tous les
sans-papiers sans aucune solution économique à leur détresse, le pouvoir politique français ne semble pas avoir de réponse aux flux migratoires. En réalité, la confrontation redouble de férocité à cause du projet de loi sur l’immigration qui devrait être remis bientôt sur la table du gouvernement tandis que chacun des chapitres annoncés provoque de fortes critiques de la part des partis de l’opposition, à droite ou à gauche. Un climat tendu qui aurait conduit, selon des médias, la Première ministre Elisabeth Borne à faire endosser cette loi difficile au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dont les ambitions présidentielles pourraient être réduites en cendres à cause de ce dossier brûlant. La nouvelle loi sur l’immigration serait donc aussi un enjeu électoraliste anticipé puisque le Président Emmanuel Macron aurait fini par laisser entendre que cette question pourrait être l’une des problématiques françaises susceptibles de justifier le recours à une consultation populaire par référendum.
Diversion xénophobe
En attendant, l’actualité française est rythmée par une obsessionnelle culpabilisation des immigrés, à l’origine de tous les maux sociaux, comme une diversion élaborée pour occulter les inégalités sociales qui s’aggravent, l’inflation sur les produits de première nécessité et la dérive morale du pouvoir politique sous la gouvernance de Macron. Des chaînes de télévision et des journaux, appartenant à des patrons xénophobes, alimentent le débat raciste à travers les discours populistes d’orateurs tels Éric Zemmour et Jean Messiha, deux chroniqueurs d’origines étrangères qui versent régulièrement leur fiel islamophobe sans jamais aborder sérieusement les causes qui ont fait des communautés immigrées des microcosmes minés par la délinquance et autres fléaux sociaux. Haine et mépris pour le métèque assumés et promus par le tandem juif d’Algérie et arabe d’Égypte, pour distraire la galerie des Français effrayés par l’immigration.
Capitalisme ambiant
Au niveau du gouvernement, le ministre Darmanin essaie de résister aux extrêmes en expliquant la démarche en faveur de l’immigration choisie pour les «métiers en tension», comprendre les secteurs d’activités où le capital français a besoin de recruter des… étrangers ! «On est dur avec les gens qui commettent des actes de délinquance et plus intégrateurs avec les gens qui travaillent et respectent les règles». Une présentation paternaliste et forcément démagogique quand les opposants à l’immigration pointent du doigt d’autres «problèmes» comme la religion, les mœurs, la démographie, le remplacement. Des opposants au multiculturalisme, à la France islamisée ou «bleu blanc beur». De l’autre côté, des partis de la gauche radicale rejettent cette «loi raciste basée sur un esprit de marchandisation des travailleurs et des êtres humains en général». L’immigration était pour l’extrême gauche française un faux problème par rapport aux richesses confisquées par les plus riches.
Pillage des cerveaux
Cependant, la loi Darmanin prévoit, si l’on se fie à la mouture présentée, il y a quelques semaines, une régularisation partielle des
sans-papiers qui participeraient à l’essor économique de la France. Un lapsus, un aveu : «Gérald Darmanin voudrait faire sortir certains travailleurs sans papiers de la spirale infernale dans laquelle ils sont enfermés : inexpulsables puisqu’ils sont là depuis longtemps et qu’ils font vivre notre économie». Ainsi, la nouvelle loi accorderait un titre de séjour de plein droit pour peu que l’immigré clandestin «réside en France de manière ininterrompue depuis au moins 3 ans, travaille dans un métier ou une zone géographique en tension, et justifie d’une période d’activité salariée dans les secteurs ou zones concernés de huit mois au cours des deux dernières années». Le principe de l’Immigration choisie sur le tas quand les statistiques sur le travail des
sans-papiers manquent cruellement au débat. A cette politique pragmatique de tri entre les immigrés indésirables et les clandestins utiles, s’ajoute le pillage des compétences universitaires et scientifiques dans différents secteurs. Les médecins et autres praticiens étrangers étant les bienvenus. Une procédure d’attribution rapide d’une carte de résidence a été envisagée pour les encourager à quitter leurs pays qui les ont formés à coût de millions d’euros. Il faudra que les pays à forte immigration vers le territoire français, à l’instar de l’Algérie, réagissent contre cette exécrable traite de leurs ressortissants à travers le prisme d’une exploitation économique qui rappelle époque qu’on pensait révolue.
Maya Loucif